Imagerie optique en milieux diffusants

Présidents de Session: Messieurs C. Boccara et G. Wagnières




Towards Phased Array Diffuse Optical Tomography

Xavier Intes§, Arjun Yodhª et Britton Chance§

§Dpt. of Biochemistry & Biophysics

ªDpt. of Physics & astronomy

University of Pennsylvania

Philadelphia, PA 19104

Tel : (215) 898-3296 - Fax : (215) 898-1806

intes@mail.med.upenn.edu

Les applications optiques pour le diagnostique médical connaissent un engouement majeur depuis le début des années 90.[i] Après le stade de validation expérimentale dans le cadre díexpérimentations en laboratoire, les premières campagnes cliniques ont prouvé le potentiel des méthodes optiques. Les applications spectroscopiques pour évaluer la concentration sanguine et le taux díoxygénation sanguin, et les reconstructions tomographiques pour localiser des tumeurs du sein ou des zones díactivation fonctionnelles cérébrales, apparaissent comme des méthodes de diagnostique viables.

Le principal intérêt des méthodes optiques, en plus de leur relatif faible coûts, est leur capacité à détecter, quantifier et imager des composants intrinsèques et exogènes de tissus biologiques. Dans la fenêtre NIR, il est bien connu que le coefficient díabsorption est principalement du à la concentration en hémoglobine. La quantification du coefficient díabsorption à plusieurs longueur díondes, permet donc de remonter aux deux fonctions tissulaires de première importance : la concentration en hémoglobine [Hb] et líoxygénation relative du volume sanguin [Y] ([HbO] ; [HbO2]). Dans le but de détecter ces deux composants, la technique dite de « phased array » (PA) est extrêmement prometteuse. Cette technique basée sur líutilisation de deux sources « out of phase », est extrêmement sensible à la présence díinhomogénéités díabsorption.[ii],[iii] Des résultats in-vivo ont déjà été obtenus dans notre laboratoire.[iv] Cependant, à ce stade, la technique est capable uniquement de détecter et ne peut, faute de développement théorique, quantifier et imager [Y] et [Hb]. Nous présentons ici une approche théorique permettant de réaliser des reconstructions tomographiques dans le cas particulier de deux sources interférant.

La méthode est basée sur la résolution analytique de líéquation de diffusion hétérogène par la technique perturbative du premier ordre de Rytov.[v] Sa validité est testée par des simulations utilisant des mesures synthétiques provenant díun code aux éléments finis.

Nous présenterons ce développement théorique et discuterons de líutilité de cette nouvelle approche pour les PA et pour le D.O.T en général.

[[1]] A.Yodh & B.Chance, ìSpectroscopy and imaging with diffusing lightîPhysics Today 48 (3), 34-40 (1995).

[[1]] M.Erickson, J.Reynolds & K.Webb, ìComparison of sensitivity for single-source and dual-interfering-source configurations in optical diffusion imagingî, J.Opt.Soc.Am.A 14 (11), 3083-3092 (1997).

[[1]] B.Chance, K.Kang, L.He, J.Weng & E.Sevick, ìHighly sensitive object location in tissue models with linear in-phase and anti-phase multi-element optical arrays in one and two dimensionsî, Proc. Nat. Acad. Sci. USA 90, 3423-3427 (1993)

[[1]] Y.Chen, S.Zhou, S.Nioka, M.Delivoria-Papadopoulos, E.Anday & B.Chance ìA novel portable system for neonatal brain imagingî, SPIE 3597, 262-269 (1999)

[[1]] A.Kak & M.Slaney, îComputerized tomographic Imagingî, IEE Press, N-Y (1987).


Imagerie photoacoustique des tissus biologiques

Miloud OUDRER, Patrick POULET

Institut de Physique Biologique (IPB) UPRES-A CNRS 7004,

Université Louis Pasteur, Faculté de Médecine, 4 rue Kirschléger,

67085 Strasbourg Cedex, France

Tèl.: 03 88 14 48 55, Fax : 03 88 37 14 97, 

E-mail : oudrer@ipb.u-strasbg.frpoulet@ipb.u-strasbg.fr

La tomographie optique des tissus biologiques se heurte aux difficultés posées par la diffusion de la lumière. Pour résoudre ce problème, diverses approches sont proposées, parmi lesquelles la détection résolue en temps de la lumière diffusée. Une alternative à cette approche est fournie par la détection des ondes acoustiques générées par l'absorption optique.

Une impulsion électromagnétique génère, lors de son absorption et de la conversion partielle de son énergie en chaleur, une onde acoustique: c'est l'effet photoacoustique. La détection de cette onde par un capteur adapté permet de recouvrir deux informations: la quantité d'énergie convertie en chaleur et la distance séparant la source du détecteur.

Une méthode d'imagerie basée sur ce principe doit utiliser une source pulsée, un ou plusieurs capteurs piézoélectriques et un système de balayage. L'ensemble des profils temporels mesurés doit ensuite être traité, en particulier déconvolué, avant d'être utilisé pour la reconstruction des images de l'objet analysé. La conception du tomographe photoacoustique offre plusieurs alternatives: source électromagnétique dont la longueur d'onde déterminera la nature du contraste, type de capteur acoustique, céramique PZT résonante ou film PVDF non résonant, étendue du faisceau, nombre et disposition des capteursÖ

La reconstruction des images à partir des signaux détectés est basée sur la faible diffusion des ondes acoustiques, une première étape de rétroprojection fournit une image de la densité spatiale d'énergie absorbée et convertie en chaleur. Une seconde étape est nécessaire, si la distribution spatiale d'énergie n'est pas homogène, pour calculer une image de l'absorption électromagnétique. Cette étape doit tenir compte de la diffusion des ondes électromagnétiques.

Zone de texte:  Figure1: SchÈma du dispositif photoacoustiqueNous présenterons les travaux réalisés au laboratoire dans la but de concevoir un tomographe photoacoustique Le schéma de l'instrumentation utilisée est présenté figure 1. Une première étape a consisté en l'analyse comparative des capteurs PZT et PVDF. Les premiers sont plus sensibles, les seconds offrent une meilleure résolution temporelle. La comparaison des signaux après déconvolution permet de définir des critères de choix des capteurs en fonction de la source d'excitation, durée, étendue... Les méthodes de reconstruction des images photoacoustiques par rétro-projection et rétroprojection filtrée seront illustrées par des exemples de profils d'absorption 1D et d'images 2D obtenus à partir de données expérimentales et simulées.

Les avantages et limitations de la détection acoustique seront analysés et comparés avec les techniques de tomographie optique.


Imagerie acousto-optique des tissus biologiques à grande profondeur et haute résolution

S.Lévêque-Fort, J. Selb, L. Pottier and A.C. Boccara, 

Laboratoire d'Optique Physique, Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle, 

Centre National de la Recherche Scientifique UPR A0005,

10 rue Vauquelin, F-75005 Paris, France 

Phone : 33 1 40 79 45 91 Fax : 33 1 43 36 23 95

fort@optique.espci.frselb@optique.espci.fr

pottier@optique.espci.fr boccara@optique.espci.fr

L'échographie est une technique d'imagerie non-invasive courante. Un protocole très simple donne rapidement une image liée aux propriétés mécaniques des tissus. Cependant le contraste acoustique n'est pas toujours suffisant pour fournir un diagnostic définitif. Depuis plusieurs années une technique complémentaire basée sur l'interaction entre la lumière et les ultrasons est développée [1-3]. Cette imagerie acousto-optique nous permet de révéler avec une résolution millimétrique un contraste optique dans des tissus biologiques de plusieurs centimètres d'épaisseurs. 

Notre approche est basée sur le « marquage » de la trajectoire des photons par un champ ultrasonore focalisé. Une diode laser monomode à 840 nm illumine l'échantillon biologique et engendre une figure de speckle. Le transducteur ultrasonore (diamètre 38 mm, focale 69 mm, fréquence 2.3 MHz) induit dans sa zone focale un déplacement périodique des diffuseurs qui module le speckle. Pour chaque position de la zone focale des ultrasons dans l'échantillon, on calcule l'amplitude de la lumière modulée. Les différents niveaux de lumière modulée sont reliés aux propriétés optiques locales et permettent ainsi de localiser une zone optiquement absorbante. Le système de détection reposant sur une caméra CCD et une détection synchrone multiplexée, permet de traiter en parallèle la modulation d'un grand nombre de grains de speckle. On obtient ainsi très rapidement une valeur statistique du niveau de modulation du speckle, avec un rapport signal/bruit de deux ordres de grandeur supérieur à une détection basée sur un monodétecteur.

Nous avons obtenu différentes images à 2D ou 3D, permettant de révéler la présence d'objets optiquement absorbants placés à l'intérieur de milieux biologiques.. Des contrastes optiques propres aux tissus ont également été détectés dans des tissus animaux et humains.Ces différentes expériences ont été obtenues pour une configuration du montage par transillumination d'échantillons de 15 à 35 mm d'épaisseur. En géométrie de rétrodiffusionnous avons également obtenu des images acousto-optiques de résolution quasiment identique. 

Nous optimisons actuellement notre système en terme de rapport signal/bruit et de temps díacquisition en vue de le coupler à un échographe. Un examen unique permettra ainsi díobtenir simultanément des images relatives aux contrastes optiques et acoustiques pour un diagnostic plus complet.

[1] L. Wang and X. Zhao, « Ultrasound-modulated optical tomography of absorbing objects buried in dense tissue-simulating turbid media », Appl. Opt. 36, 7277 (1997).

[2] M. Kempe, M. Larionov, D. Zaslavsky and A.Z. Genack, « Acousto-optic tomography withmultiply scattered light », J. Opt. Soc. Am. A,14, 1151 (1997).

[3] S. Lévêque, A.C. Boccara, M. Lebec, and H. Saint-Jalmes, « Ultrasonic tagging of photons

paths in scattering media : parallel speckle modulation processing », Opt. Lett.24, 181 (1999).


Holographie de cohérence: Aspects théoriques et expérimentaux.

C.Depeursinge, E.Cuche, P.Dahlgren, 

Institut d'Optique Appliquée, École Polytechnique Fédérale de Lausanne, CH-1015 Lausanne, Suisse

Cette communication passe en revue les concepts importants relatifs à la propagation cohérente des photons en milieux désordonnés et plus particulièrement dans les tissus vivants. Nous développerons pour cela líapproche de Saajev John, voir par exemple [1]. Basée sur la propagation de la fonction de cohérence mutuelle du champ photonique, il a été démontré théoriquement et expérimentalement que la propagation du champ cohérent pouvait síétendre potentiellement sur un volume significativement plus large que ce que laisse prévoir líéquation du transport radiatif : 1/µt. Plus précisément le recours à la distribution de Wigner de la fonction de cohérence mutuelle est un outil de choix pour la description de la propagation cohérente, tant du point de vue théorique quíexpérimental. Les conséquences concernant líusage de líonde cohérente pour sonder, sur une certaine profondeur (env.1.5 mm), le milieu biologique en particulier sont tirées des différents travaux publiés. Elles permettent de poser les bases des procédés dits díimagerie de cohérence. Le recours à la tomographie de diffraction pour former une image 3D des objets contrastés, par leur indice de réfraction et plus généralement par leurs caractéristiques de diffusion, constituent une approche généralisée du problème de líimagerie des tissus en couche épaisse. La Tomographie Optique de Cohérence (OCT) constitue en fait une technique díimagerie cohérente simplifiée en ce sens que seule la propagation en « ligne droite » [2]. est retenue dans un système optique à faible ouverture numérique permettant une image relativement bien résolue latéralement sur une profondeur appréciable des tissus. La circuiterie optique et la technique de détection hétérodyne associée au filtrage fréquentiel permet díobtenir une dynamique suffisante pour pénétrer la matière vivante à plus díun millimètre. Par contre un balayage mécanique est nécessaire. De bonnes performances ont été obtenues cependant en champ large par une approche parallèle [3].

La théorie de la propagation cohérente permet de valider également une approche díimagerie de cohérence basée sur la reconstruction numérique du front díonde à partir de líhologramme mesuré en surface (voir par exemple [4 et 5]: nous proposons de parler dans ce cas díholographie optique de cohérence. Par similitude avec le terme díOCT, le terme díOCH paraît correspondre aux objectifs díimagerie en milieux biologique. Líutilisation de source de faible cohérence permet díisoler le plan tissulaire pour lequel la reconstruction peut être effectuée. Les fondements de cette approche ont líobjet díune publication [6] lors du précédent symposium OPTDIAG.

[1] S. John, G.Pang and Y. Yang. "Optical propagation and Imaging in a multiple scattering medium".J.Biomed.Opt. 1,180-191 (1996).

[2] A.F.Fercher,"Optical Cohernce Tomography"J.Biomed.Opt. 1,157-173,(1996).

[3] E. Beaurepaire, A. C. Boccara, M. Lebec, L. Blanchot, and H. Saint-Jalmes, ìFull-field optical coherence microscopy,î Opt. Lett. 23, 244-245 (1998).

[4]. E. Cuche, P. Poscio, and C. Depeursinge, ìTomographie optique par une technique díholographie numérique en faible cohérence,î J. Opt. 28, 260-264 (1997).

[5]E. Cuche, F. Bevilacqua, and C. Depeursinge, ìDigital holography for quantitative phase contrast imaging,î Opt. Lett. 24, 291-293 (1999).

[6]. E. Cuche, P. Marquet, C. Depeursinge, ìSimultaneous amplitude and quantitative phase-contrast microscopy by numerical reconstruction of Fresnel off-axis hologramsî, Applied Optics, 38, 6994-7001, (1999).


Imagerie de polarisation par holographie digitale 

T. Colomb, P. Dahlgren , E. Cuche, D. Beghuin, C.Depeursinge

Tél.: +41.21.693 37 30, Fax: +41.21.693.37.30, E-mail: pia.dahlgren@epfl.ch

Institut d'Optique Appliquée, Bâtiment de Microtechnique

École Polytechnique Fédérale de Lausanne

CH-1015 Lausanne, Suisse

Une nouvelle méthode d'imagerie de l'état de polarisation d'une onde lumineuse par holographie digitale a été développée. Elle est bien adaptée aux exigences de l'imagerie tissulaire et cellulaire, car tous les paramètres nécessaires pour la description complète du front d'onde sont obtenus à partir d'un seul hologramme, enregistré instantanément sur une caméra CCD. La méthode permet en théorie de retrouver toute l'information sur une onde enregistrée, i.e. l'amplitude, la phase et la polarisation, résolues spatialement.

Deux ondes de référence avec des polarisations orthogonales sont utilisées pour former l'hologramme dans une configuration hors axe. Deux fronts d'ondes, un pour chaque état de polarisation orthogonale, sont numériquement reconstruits en amplitude et en phase à partir de cet hologramme. La connaissance des amplitudes et des phases de ces deux fronts d'onde permet de déterminer l'état de polarisation de l'onde initiale à travers son vecteur de Jones. Des expériences sur des objets biréfringents simples ont permis de valider la méthode.

Un nouveau montage microscopique permettant d'étudier des couches monocellulaires et des tissus transparents en transmission et des couches épaisses en réflexion est en cours de développement dans notre laboratoire.




Imagerie 3D de cellules nerveuses en cultures par reconstruction numérique díhologrammes digitaux

P. Marquet1, E. Cuche2, J.-Y. Chatton1, Ch. Depeursinge2, et P.J. Magistretti1.

1Institut de Physiologie et Département de Neurologie, Université de Lausanne, CH-1005 Lausanne, Suisse. E-mail : Pierre.Marquet@iphysiol.unil.ch

2Institut díOptique Appliquée, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, CH-1005 Lausanne, Suisse. E-mail : christian.depeursinge@epfl.ch

Résumé

Nous avons développé1 une nouvelle méthode pour la reconstruction numérique díhologrammes digitaux qui permet díobtenir simultanément les distributions díintensité et de phase à la surface díun échantillon. Cette nouvelle méthode intitulée Microscopie Holographique Digitale (MHD) comprend líenregistrement de líhologramme au moyen díune caméra CCD située à la sortie díun interféromètre de type Mach-Zender. Pour líobservation díéchantillons microscopiques, un objectif de microscope peut être inséré dans le bras objet de líinterféromètre et la résolution transverse est alors définie par líouverture numérique de líobjectif, comme cíest le cas avec la microscopie optique classique.Pour líimagerie en contraste de phase, une méthode numérique a été développée pour corriger la déformation parabolique du front díonde introduite par líobjectif de microscope. Líacquisition des hologrammes síeffectue à la fréquence vidéo (25 Hz) et la reconstruction numérique à un taux díenviron 2 images par seconde. 

Cette nouvelle méthode est appliquée ici à líimagerie en transmission de cellules nerveuses vivantes en cultures, immergées dans un liquide physiologique. La distribution de phase reconstruite fournit une mesure quantitative et précise de la distribution 2D de la longueur des trajets optiques parcourus à travers líéchantillon. Des informations concernant la morphologie et le volume des cellules peuvent être obtenues sur la base de ces mesures. Un objectif de microscope avec une grande ouverture numérique (1.4) a permis díatteindre une résolution transverse inférieure au micron (360 nm). Une limite de précision díenviron 1 degré a été estimée expérimentalement pour les mesures de phase. Compte tenu de la valeur des indices de réfraction du liquide physiologique et de la cellule, cette précision correspond à une limite de résolution díenviron 50 nanomètres pour la mesure de líépaisseur de la cellule.

Cette technique sera appliquée à líobservation et à la mesure de faibles modifications du volume cellulaire de neurones et díastrocytes au cours díune activité électrique ou métabolique. Pour les neurones, des flux ioniques, à travers la membrane cellulaire, sont associés à líactivité électrique et induisent des processus osmotiques dont on désire mesurer líinfluence sur líévolution du volume cellulaire dans des domaines spécifiques tels les prolongements dendritiques. Pour les astrocytes, ces derniers sont capables díassimiler rapidement les molécules de glutamate libérées par les synapses, grâce à un système de transport efficace utilisant un gradient électrochimique de Sodium. Líentrée de Sodium síaccompagne díun flux osmotique díeau influence le volume de líastrocyte. 

Référence: 1) E. Cuche et al., Appl. Opt. 38, 6994-7001 (1999).



 

Holographie numérique hétérodyne appliquée à líimagerie de milieux diffusants


Frédérique Le Clerc, Laurent CollotMichel Gross

Thomson CSF Optronique, Rue Guynemer BP 55, 78 283 Guyancourt, France

Laboratoire Kastler Brossel, 24 Rue Lhomond, 75 231 Paris cedex 05, France

Líholographie numérique hétérodyne est une technique permettant la mesure complète díun champ optique, en amplitude et en phase, à la surface díune matrice de photo détecteurs. Grâce aux hologrammes enregistrés avec cette technique, des images de haute résolution sont obtenues dans líespace libre, où les lois de propagation des champs sont bien connues. Il nous semble donc intéressant de travailler à appliquer líholographie hétérodyne à líimagerie dans les milieux diffusants. Avant de faire de líimagerie par trans-illumination, cíest à dire grâce au champ qui a traversé le milieu, avec notre technique il est important de caractériser sa sensibilité à sélectionner les photons balistiques ou non-diffusés. En effet, ces photons marqueurs de líexistence de structures diffusantes dans líéchantillon sont considérés comme líinformation utile pour faire de líimagerie projective. Nous présentons ici la technique générale díholographie hétérodyne et líexpérience de sélection des photons balistiques, ainsi que les résultats obtenus. 

Líholographie hétérodyne [Ref. 1] mesure grâce à un détecteur matriciel, capteur CCD dans notre montage, líinterférence entre une onde diffusée par un objet et une onde de référence, toutes deux issues du même laser. Les deux ondes sont décalées en fréquence de façon à ce que la démodulation du signal mesuré par chaque pixel du CCD à cette fréquence donne líamplitude et la phase de líonde diffusée. On effectue en fait une détection hétérodyne du signal en parallèle sur líensemble des pixels de la caméra. La faible résolution spatiale du CCD limite líacceptance angulaire de notre système. La nécessité de filtrer spatialement la partie du champ diffusée ne respectant pas cette limite a été démontrée [Ref. 1] et un filtrage spatial adapté est mis en place dans le système. Dans le cas de líespace libre, nous avons vérifié que la résolution des images obtenues correspond bien à celle attendue et que dans les conditions présentées il níy a pas de perte díinformation, cíest à dire que le nombre de pixels résolus est égal aux nombres de pixels du CCD.

Dans le cas de líutilisation de ce système pour faire de líimagerie de milieux diffusants par trans-illumination, líhologramme mesuré correspond à la superposition díun champ multi-diffusé et díun champ non-diffusé (photons balistiques). Le champ non-diffusé correspond à une partie plus ou moins infime du champ incident. Notre système mesure donc un signal, le champ non-diffusé, et un bruit, le champ multi-diffusé. 

Comme le champ est aléatoirement diffusé dans toutes les directions mesurables par notre système, ce bruit est aléatoirement réparti dans tous les modes mesurés avec une probabilité équivalente. Sélectionner les photons balistiques consiste à sortir du bruit de diffusion un signal connu, pour cela il suffit de comparer líénergie des composantes du champ total diffusé correspondant à celles de líonde incidente avec la valeur moyenne de líénergie répartie sur tous les autres modes mesurés (bruit). Cette mesure est très sensible puisquíelle permet au mieux de sélectionner avec un rapport signal / bruit égal à un, un photon balistique parmi N photons diffusés, N étant le nombre total de modes différents mesurés correspondant aux N=5.105 pixels du CCD. Un autre avantage de la technique étant que líon mesure simultanément le niveau de bruit et de signal, en quelques mesures la limite de sélectivité est facilement obtenue.

Nous avons effectué des expériences de sélection de photons balistiques avec notre système díholographie hétérodyne dans le cas díéchantillons calibrés (billes de polystyrène) solides ou liquides. Pour obtenir une variation de líépaisseur optique du milieu traversé (nombre de longueurs de diffusion ls), nous avons fait varier líépaisseur totale du milieu dans le cas des échantillons solides alors que dans le cas des liquides cíest la concentration en sphères qui varie. Pour chaque épaisseur optique, un hologramme du champ diffusé est enregistré. Le post-traitement permettant la mesure de líintensité balistique consiste principalement à calculer líénergie de corrélation entre les composantes mesurées du champ total diffusé et celles de líonde díillumination mesurée séparément.


 
Fig 1 et 2 : Variation de líintensité des photons balistiques en fonction de líépaisseur optique du milieu traversé pour une solution de billes de polystyrène gélifiée (Fig. 1) et liquide (Fig. 2).

Les résultats sont présentés aux figures 1 et 2. Dans les deux cas on observe la décroissance exponentielle attendue de líintensité des photons balistiques en fonction de líépaisseur optique du milieu traversé. Pour la solution gélifiée (Fig. 1) le plancher de bruit apparaît pour des épaisseurs de 16 ls (ls = 320µm) correspondant à 70 dB díatténuation alors que pour la solution liquide (Fig. 2) il apparaît pour des épaisseurs de 27 ls soit 110 dB díatténuation. Cette différence de performance est liée à líexistence dans les liquides du mouvement Brownien qui décale en fréquence líonde multi-diffusée par effet Doppler. LíHolographie hétérodyne qui effectue une mesure cohérente dans une bande passante étroite en fréquence (inverse du temps de mesure qui est de líordre díune seconde) est insensible à toute la partie du champ multi-diffusé dont la fréquence a changée. Le mouvement Brownien diminue le bruit de diffusion. 

Ces résultats très intéressants permettent de situer líholographie hétérodyne comme une méthode de sélection des photons balistiques efficace et technologiquement peu coûteuse. De plus la méthode utilisée serait équivalente à une technique utilisant un dispositif optique de filtrage spatial [Ref. 2] avec un trou de filtrage parfaitement adapté. Ainsi, dans les résultats présentés, la sélection des photons balistiques est purement géométrique. Or comme beaucoup díautres techniques (O.C.T. et méthodes impulsionnelles) qui combinent plusieurs types de sélection, nous pourrions en adaptant notre montage à líutilisation de sources faiblement cohérentes combiner líholographie hétérodyne à une sélection temporelle pour améliorer ses performances. Il serait également intéressant díanalyser non plus un mais plusieurs hologrammes correspondant à des conditions expérimentales différentes permettant de mieux caractériser líéchantillon étudié. Pour cela, il est envisagé de balayer la longueur díonde du laser et de réaliser ainsi dans le domaine fréquentiel les expériences temporelles utilisant des impulsions courtes. 

Ref. 1 : « Numerical Heterodyne Holography Using 2D Photo-detectors Array » publication à venir dans Optic Letters. (Lettre acceptée en Février 2000).

Ref 2 : « Ballistic and diffuse light detection in confocal and heterodyne imaging systems » J.O.S.A A, Vol. 14, No. 1, Jan 



 

Imagerie optique en milieux diffusants par procédé díoptique cohérente


Karim Ben Houcine, Gérald Brun, Isabelle Verrier, Colette Veillas

Laboratoire Traitement du Signal et Instrumentation / UMR CNRS 5516 - Université Jean Monnet Saint-Etienne

23, rue du Docteur Paul Michelon ­ 42023Saint-Etienne cedex 2

Tel. 04-77-48-51-40 / Mobile. 06-87-51-82-26 / Fax. 04-77-48-51-20 / Email. brun@univ-st-etienne.fr

Líimagerie optique à travers les milieux diffusants se situe depuis quelques années au confluent des préoccupations des physiciens, des biologistes et des médecins. Il síavère ainsi que la formation díimages au sein de milieux hétérogènes rencontre un succès croissant dans les champs disciplinaires afférents aux sciences de la vie en raison des caractéristiques propres du rayonnement lumineux et des composants qui lui sont associés. Parmi les techniques utilisées, líoptique cohérente (OCT : Optical Coherent Tomography) conduit aujourdíhui à des résultats spectaculaires et illustre líintérêt que suscite líimagerie optique pour líaide au diagnostic médical. Cíest dans ce contexte que síinscrit líétude dont nous présentons ici quelques résultats préliminaires. 

La méthode mise en úuvre repose sur un interféromètre de Mach Zehnder éclairé par une source lumineuse à large bande spectrale et permet de scruter, avec une bonne résolution, de fines épaisseurs de milieux présentant díassez faibles gradients díhétérogénéité. Líoriginalité de la méthode que nous proposons réside dans la recombinaison des faisceaux à líissue de líinterféromètre qui permet de síaffranchir de toute modulation sur le bras de référence. En effet, la partie terminale du dispositif est constituée de deux réseaux de diffraction qui ont pour rôle díassurer la corrélation en amplitude des signaux issus des deux bras de líinterféromètre (bras de référence et de mesure) lorsque la plage spectrale de la source est parcourue. Cette source lumineuse est un laser à colorant accordable en longueur díonde qui permet díexplorer, avec une réponse sensiblement constante, une bande spectrale centrée sur = 660 nm, et dont la largeur est = 50 nm. 

Des essais préliminaires ont permis de visualiser des empilements de lamelles de verre à travers 1cm de solution aqueuse de billes de latex. Les caractéristiques de diffusion des solutions utilisées, exprimées en libre parcours moyen de diffusion étaient comprises entre 0.094 mm-1 et 1.397 mm-1. Des essais complémentaires ont alors été réalisés, toujours en transmission et sur les mêmes objets, avec des solutions diluées de lait et en utilisant un faisceau sonde focalisé afin díoptimiser la résolution spatiale. 

Les conditions expérimentales conduisent actuellement à une résolution transversale de 10 mm, imposée par la taille du spot de focalisation et à une résolution transversale de 10 mm, induite par la largeur spectrale de la source. 

Les images obtenues sont semblables à celle de la figure ci-contre introduite ici à titre díexemple pour illustrer les possibilités du système que nous utilisons.

Les résultats encourageants obtenus jusquíalors permettent díenvisager des perspectives intéressantespour ce travail en fonctionnant en réflexion sur des 


Ophtalmologie OCT à champ large

H. GARDETTE (1), A. DUBOIS (2),

A.C. BOCCARA (2), J.F. LEGARGASSON (1), P. LENA (3).

(1)Université PARIS 7, UFR Lariboisière Saint-Louis, Laboratoire de Biophysique de la Vision, 10 av de Verdun, 75010 PARIS ­

Tel : (33-1) 44 89 78 0, fax : (33-1) 44 89 78 23

gardette.hubert@caramail.com, legargas@ext.jussieu.fr

(2)Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de Paris, Laboratoire díOptique Physique, CNRS UPR A0005, 10 rue Vauquelin, 75005 PARIS ­

Tel : (33-1)40 79 46 03, fax : (33-1)43 36 23 95

dubois@optique.espci.fr, boccara@optique.espci.fr

(3)Observatoire de Meudon ­ DESPA- 5, place Jules Janssen ­ 92195 MEUDON cedex

Tel : (33-1) 45 07 77 19

lena@obspm.fr

Nous proposons et décrivons un montage interférométrique destiné à réaliser des examens in vivo du fond díúil humain par imagerie basée sur le principe díOptique Cohérente Tomographique à champ large. Des essais effectués sur des yeux artificiels sont décrits. Ils ont apporté des résultats encourageants et laissent espérer des perspectives favorables. Finalement, nous énumérons les points durs les plus significatifs et nous évoquons des solutions possibles.


Microscopie Optique Cohérente plein champ pour líimagerie des Tissus Biologiques

L.Vabre*, A. Dubois*, E.Beaurepaire** et A.C. Boccara*

* Laboratoire díOptique Physique, UPR A0005

Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielle (ESPCI)

10 rue Vauquelin 75005 Paris.

Tel : 01.40.79.45.91

Fax : 01.43.36.23.95

E-Mail : vabre@optique.espci.fr,dubois@optique.espci.frboccara@optique.espci.fr

** Laboratoire de Physiologie INSERM EPI 00-02

Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielle (ESPCI)

10 rue Vauquelin 75005 Paris.

E-Mail : emmanuel.beaurepaire@espci.fr

Depuis le début des années 90, la Tomographie Optique Cohérente (OCT) síest imposée comme une nouvelle méthode díimagerie non invasive qui permet de réaliser des images en profondeur à líintérieur des tissus biologiques. La résolution axiale de ce type díinstrument est définie par la longueur de cohérence de la source employée, cíest-à-dire de líordre de 10 mm dans les tissus avec les sources couramment disponibles.

Nous avons construit un microscope interférentiel basé sur un interféromètre de Michelson dans les bras duquel sont placés des objectifs de microscope (configuration dite de Linnik). On forme sur une caméra CCD (256´256, 8 bits, 200 Hz) líimage díinterférence produite par la superposition des ondes provenant de líobjet et du miroir plan de référence.

Líutilisation díune source faiblement cohérente (LED à 840 nm, longueur de cohérence 15 mm) permet de sélectionner une « tranche » dans líéchantillon, autour du plan de mise au point de líobjectif. On obtient ainsi une résolution de líordre de la demi-longueur de cohérence à savoir meilleure que la dizaine de microns.

Nous avons montré que líutilisation díobjectifs à forte ouverture numérique permet díobtenir une résolution tridimensionnelle analogue à celle díun microscope confocal (de líordre du mm dans les trois dimensions).

La combinaison de ce montage avec une détection synchrone parallèle sur líensemble des pixels de la caméra, permet díobtenir des images tomographiques plein champ à une cadence de 50 Hz.

Nous présentons des images tomographiques obtenues avec ce système dans des tissus de caractéristiques variées (végétaux, embryons de drosophile, dent).




Imagerie proche infrarouge résolue dans le temps des milieux diffusants

Chantal-Virginie ZINT1,2, Feng GAO1,2, Patrick POULET1, Wilfried UHRING2

1. Institut de Physique Biologique(IPB) UPRES-A CNRS 7004,

Université Louis Pasteur, Faculté de Médecine, 4, Rue Kirschléger,

67085 Strasbourg cedex, France

Tèl.: 03 88 14 48 55, Fax : 03 88 37 14 97, 

E-mail : zint@ipb.u-strasbg.frpoulet@ipb.u-strasbg.frfgao63@yahoo.com

2. PHASE / Groupe d'Optique Appliquée (GOA) UPR SPI-A0292, 

BP 20, 67037 Strasbourg cedex2, France

Tèl.: 03 88 10 68 27, Fax : 03 88 10 65 48, 

E-mail : zint@goa.c-strasbourg.fruhring@goa.c-strasbourg.frfgao@goa.c-strasbourg.fr

Un tomographe optique a été réalisé pour obtenir, dans le proche infrarouge, des images tridimensionnelles d'objets tests diffusant la lumière et ayant des propriétés optiques similaires à celles des tissus biologiques.

Le dispositif expérimental utilisé mesure le profil temporel de la réponse impulsionnelle de la lumière traversant l'objet, grâce à une caméra à balayage de fente. Les premières mesures ont été effectuées sur des objets tests liquides constitués d'un mélange d'encre de chine et d'Intralipide-10%.

La méthode de reconstruction d'image dépend du développement du modèle direct qui simule les profils temporels mesurés pour un dispositif expérimental donné et des paramètres optiques connus de l'objet. Ce modèle direct est ensuite utilisé pour déterminer les paramètres optiques de l'objet en fonction d'un dispositif expérimental donné et d'un ensemble de mesures des profils temporels (le problème inverse). Nous avons développé un modèle de transport de la lumière basé sur la méthode des éléments finis qui résout l'équation de diffusion (approximation P1) numériquement. L'algorithme de reconstruction est basé sur le calcul implicite du Jacobien de la matrice de l'opérateur direct et utilise les techniques de reconstruction algébriques (ART) comme inversion linéaire. Cet algorithme nous permet d'effectuer une cartographie de l'absorption et de la diffusion d'un objet circulaire ou cylindrique à partir de données extraites des profils temporels : le temps de vol moyen des photons avec ou sans la variance associée.

La validation de l'algorithme de reconstruction à partir de données simulées a été effectuée et est en cours pour des données mesurées. Des images ont déjà été obtenues sur des objets de géométrie cylindrique présentant une ou plusieurs inhomogénéités de diffusion et/ou d'absorption (figure 1).
 

figure 1: Cartographie de l'absorption (à gauche) et de la diffusion (à droite), calculée à partir du temps de vol moyen des photons, pour un objet circulaire de 29 mm de diamètre (µa = 0.01 mm-1, µs'= 0.5 mm-1) dans lequel est placé une inhomogénéité absorbante circulaire de 6 mm de diamètre (µa = 0.05 mm-1, µs'= 0.5 mm-1




[[i]] A.Yodh & B.Chance, ìSpectroscopy and imaging with diffusing lightîPhysics Today 48 (3), 34-40 (1995).
[[ii]] M.Erickson, J.Reynolds & K.Webb, ìComparison of sensitivity for single-source and dual-interfering-source configurations in optical diffusion imagingî, J.Opt.Soc.Am.A 14 (11), 3083-3092 (1997).
[[iii]] B.Chance, K.Kang, L.He, J.Weng & E.Sevick, ìHighly sensitive object location in tissue models with linear in-phase and anti-phase multi-element optical arrays in one and two dimensionsî, Proc. Nat. Acad. Sci. USA 90, 3423-3427 (1993)
[[iv]] Y.Chen, S.Zhou, S.Nioka, M.Delivoria-Papadopoulos, E.Anday & B.Chance ìA novel portable system for neonatal brain imagingî, SPIE 3597, 262-269 (1999)
[[v]] A.Kak & M.Slaney, îComputerized tomographic Imagingî, IEE Press, N-Y (1987).