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La géomatique au service des espaces verts

Préambule

Les espaces verts, à l’instar des transports, voient leur gestion évoluer depuis plusieurs décennies. Il n’est pas rare à l’heure actuelle d’entendre parler de gestion « différenciée » ou « intégrée » des espaces verts dans les municipalités. La gestion différenciée se veut respectueuse de l’environnement. L’idée est de maintenir les écosystèmes existants, qu’ils soient naturels ou aménagés, tout en tenant compte :

  • Des usages (fréquentation, intentions esthétiques),
  • Des enjeux d’adaptation au changement climatique (économie d’eau, diversification des espèces et réduction voire suppression des produits chimiques d’entretien),
  • Des perturbations anthropiques (pollutions, dégradation de l’environnement).

Ces nouvelles approches nécessitent un suivi plus actif et une attention toute particulière. Cependant, elles permettent sur le long terme de réaliser des économies non négligeables, notamment en termes de coûts d’entretien. Les « Plan Biodiversité », paysages et chartes constituent des outils d’action et de directives dont se dotent progressivement les municipalités pour mettre en œuvre une approche plus vertueuse de l’environnement.

En parallèle à cela, on observe la poursuite du mouvement de numérisation de la société, et notamment de la « géonumérisation », soit le référencement virtuel de données ancrées dans l’espace, on parle plus communément de données « géoréférencées ».

Ces deux tendances sont étroitement liées si l’on se penche sur le rôle croissant des Systèmes d’Information Géographiques au sein de la gestion d’une commune. En effet, la capacité des logiciels de SIG à répondre aux nouveaux besoins dans la gestion des espaces verts tend à numériser le secteur. Le SIG devient alors un outil de gestion, de communication entre acteurs et de suivi en temps réel. Il ne faut cependant pas mettre de côté les étapes préalables et faisant suite à la mise en œuvre d’un SIG. La phase d’acquisition des données, de leur gestion dans une base de données ou encore la valorisation des travaux et analyses complètent le champ d’action de la géomatique vis-à-vis des espaces verts.

On comprend dès lors que la géomatique constitue un levier d’action pertinent pour les gestionnaires, notamment face aux enjeux du 21e siècle. Le dérèglement climatique et l’accroissement de la densité urbaine nous pousse effectivement à revoir les politiques d’aménagement, et donc des espaces verts. D’une part, on constate une demande sociétale en évolution : en 2016, 85 % des Français choisissaient leur logement en fonction de la proximité d’un espace vert. Au-delà de la notion de bien-être, les espaces verts, s’ils sont bien aménagés, aident à lutter contre les îlots de chaleur urbains ou les inondations par exemple, rendant les espaces urbains viables sur le long terme. La géomatique répond donc à des enjeux à la fois sociétaux, politiques et climatologiques.

L’idée ici sera d’expliciter l’utilité de la géomatique pour mettre en œuvre une politique environnementale efficace. Il est primordial de cerner les enjeux et les moyens que la géomatique apporte à la gestion de l’environnement. Il est également essentiel d’aborder les limites de la géomatique dans la gestion des espaces verts, mais aussi de se poser les bonnes questions avant d’envisager une telle politique. En effet, la géomatique ne constitue pas une fin en soi mais un moyen d’améliorer les pratiques des gestionnaires et acteurs. À partir de ce constat, il est primordial de cerner le contexte et les besoins de la municipalité avant de se lancer dans une numérisation de la gestion environnementale. Les questions «pour qui/pourquoi ? », « comment ? », « où ? » ne doivent pas rester sans réponses. Nous tenterons d’apporter un éclairage là-dessus. Enfin, la méthodologie et les principes à appliquer pour optimiser la chaîne de traitement seront également décrits. Selon la structure d’un guide pratique, il sera question de décrire les étapes et processus de la mise en œuvre d’un SIG efficace et complet dans la gestion des espaces verts.

Cet extrait se veut utile aux étudiants, acteurs des collectivités, géomaticiens mais aussi aux lecteurs curieux d’en savoir plus sur les capacités et utilités de la géomatique dans une dimension pratique et quotidienne.

Analyse des besoins et de l’existant

Les SIG constituent une réponse à la mise en œuvre d’un plan de gestion des espaces verts. En effet, l’existence d’une plateforme permet de centraliser une vaste quantité de données, consultables à tout moment par tous les acteurs concernés. La création du SIG nécessite cependant un certain protocole et une analyse du contexte pour être le plus efficace et durable possible. Il sera ici question de détailler la méthodologie de mise en place du SIG pour une collectivité. Contextualisation de la demande et des besoins

Il est nécessaire, avant toute mise en œuvre d’un SIG, de bien définir les besoins auxquels la plateforme va répondre. Pour cela, il est essentiel de réunir les acteurs concernés : agents d’entretien, élus, consultants, géomaticiens, habitants… S’il s’agit par exemple de développer un outil facilitant la communication entre acteurs, la création d’un SIG Web semble alors pertinente : les données exploitées sont hébergées sur un serveur permettant une consultation à chacun, qu’il soit sur le terrain, dans un bureau ou en déplacement. En outre, là où un SIG simple nécessite souvent des compétences techniques et informatiques pour être exploité, un SIG Web se veut plus accessible, et de ce fait participatif. Les acteurs engagés se doivent également de définir les objectifs de la plateforme. Est-elle destinée à suivre l’évolution de la végétation ? Servira-t-elle de support de communication ? Que souhaite-t-on cartographier ? En effet, voulons-nous géoréférencer les arbres en villes ? Si oui, est-ce que cela sera sous forme d’entité vectorielle ? Sous forme de point ou polygone ? Quelles variables allons-nous stocker ? La circonférence du tronc, la hauteur de l’arbre, l’espèce, la date de plantation/ du dernier relevé ? Toutes ces questions servent de base à l’acquisition de données appropriées.

Acquisition des données

Selon la demande formulée, certaines données sont déjà disponibles au sein de la collectivité ou sur internet et accessibles gratuitement selon les cas. Il n’est alors pas toujours nécessaire d’aller créer la donnée. Il peut s’agir de relevés floristiques et faunistiques, de cartographies FIXME réalisées antérieurement ou parfois de données géoréférencées par le territoire ou des services extérieurs comme l’IGN ou Corine Land Cover, sous divers formats (images orthophotographiques ou entités vectorielles) nécessitant un traitement préalable à leur exploitation. Il est également important de bien se renseigner sur le contexte de réalisation de la donnée. Rares sont les données disponibles sur internet réalisées dans un objectif premier d’étude de la végétation. Cette dernière intègre généralement une caractéristique ou un élément d’une étude plus vaste telle que l’occupation des sols pour Corine Land Cover. Il en résulte l’obtention d’une donnée peu précise (en termes d’échelle et de classification). Attention aussi à la datation de la donnée et à sa fréquence de renouvellement. Dans le cas où le service géomatique est amené à réutiliser la donnée tous les ans par exemple, il est nécessaire de se renseigner sur la fréquence de mise à jour de la donnée et sur la façon dont la valeur temporelle de celle-ci est traitée. Enfin, dans le cas où l’un des acteurs dispose déjà d’une plateforme de type SIG, il peut être pertinent de faire basculer le SIG sur une plateforme pour gagner du temps. Enfin, si la donnée est à créer, il existe plusieurs façons d’y procéder : soit directement sur le terrain avec des outils de relevé de coordonnées, ou alors par cartographie directe en se servant d’un support de type imagerie aérienne ou par drone. Définition de la demande et création du cahier des charges

Une fois les données intégrées dans la plateforme, une nouvelle étape se présente. Celle-ci consiste à développer la plateforme en fonction des besoins émis précédemment. Le SIG peut en effet permettre de consulter la fiche technique d’un élément végétal (sous forme d’infobulle notamment), mais il est aussi possible de mettre en place un système de filtre temporel par exemple afin d’accéder à l’information souhaitée. Enfin le système de requête peut lui aussi venir en aide aux acteurs

Usages et entretien de la plateforme

La plateforme, une fois opérationnelle devient un véritable outil de gestion. Elle permet par exemple de :

  • Suivre en temps réel les interventions menées par les équipes sur le terrain
  • Programmer et planifier des tâches
  • Extraire des informations
  • Visualiser les rendements, produits et matériaux utilisés pour l’entretien d’un espace, sites nécessitant une présence accrue ou non…

Ces outils sont eux-mêmes facilités FIXME par la capacité de communication entre acteurs au travers de cette plateforme. Chacun peut en effet ajouter, modifier, supprimer ou annoter des données sur la plateforme qui se veut accessible à tous. Elle peut également servir de support pour des consultants externes tels que des bureaux d’études cherchant à optimiser la gestion des espaces verts.

Enfin, la plateforme SIG permet de valoriser les données acquises au travers de productions variées. La création de cartes, tableaux, bilans floristiques et faunistes à partir de la plateforme à destinations diverses (élus, publics, services d’entretien…) se retrouve facilitée. De plus, les études de l’évolution de la végétalisation d’un relevé à l’autre apportent des dimensions rétrospective et prospective pertinentes pour réaliser un bilan sur l’efficacité d’une politique ou non, qui peut alors être adaptée pour les années à venir. Un autre exemple concerne le suivi épidémiologique. Certaines espèces sont susceptibles de contracter des maladies et il est alors essentiel de suivre activement l’évolution de cette dernière et vérifier qu’elle ne s’étend pas à tout un espace ou quartier. La plateforme se révèle très utile pour cela.

Pour que le SIG reste efficace dans le temps, il faut garder en tête que les données doivent régulièrement être mises à jour et qu’une personne se charge de l’homogénéité des données et de l’entretien global de la plateforme. Dans le cas contraire, la plateforme peut rapidement devenir obsolète voire inexploitable.

Conclusion

Nous avons vu que les SIG se révèlent très efficaces et utiles pour gérer les espaces verts au sein d’une collectivité. Dès lors que le travail préalable de définition des besoins, d’acquisition de données et de mise en place de la plateforme est effectué, il devient possible de produire des analyses spatiales mais aussi de gérer au quotidien les espaces et plus précisément la faune et la flore concernées. Sur le long terme, les usages du SIG peuvent s’étendre à d’autres thématiques toujours liées à la fonction première de celui-ci. La gestion de l’eau, ressource précieuse peut venir s’imbriquer avec les espaces végétalisés pour notamment observer les points d’eau utiles à ceux-ci.

===== Bibliographie ===== FIXME

  • Aschan-Leygonie Christina, Cunty Claire et Davoine Paule-Annick, 2019, Les systèmes d’information géographique: principes, concepts et méthodes, Malakoff, Armand Colin (coll. « Cursus »).
  • Auda Yves, 2018, Systèmes d’information géographique: avec les logiciels libres Grass et Qgis, Malakoff Paris, Dunod IRD éditions (coll. « Sciences Sup »).
  • Delaney Julie, 2007, Geographical information systems: an introduction, 2nd ed., South Melbourne, Vic., Australia ; New York, Oxford University Press, 214 p.
  • Divo Alain et Jault Franck, 2019, Mettre en œuvre un plan paysage et biodiversité: intégrer la nature en ville, Voiron, Territorial éditions (coll. « Les essentiels »), 112 p.
  • Pornon Henri, 2015, SIG: la dimension géographique du système d’information, 2e éd., Paris, Dunod (coll. « InfoPro »).
  • Roelandt Nicolas, 2019, Introduction à la géomatique et mise en place d’un système d’information géographique libre, Lille, D-BookeR éditions.
  • Wade Tasha et Sommer Shelly (eds.), 2006, A to Z GIS: an illustrated dictionary of geographic information systems, 2nd ed., Redlands, Calif, ESRI Press : Independent Publishers Group [distributor], 268 p.

Annaëlle Lanceart - 2023

manuel/la_geomatique_au_service_des_espaces_verts.txt · Dernière modification : //17/05/2023 09:25// de joliveau

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