Le laboratoire de biotechnologies végétales (LBVpam) de l'UJM impliqué dans une étude sur l'hybridation des roses
Le 4 novembre 2025
Le prestigieux journal GENETICS a dévoilé son nouveau numéro, début octobre, avec en couverture une étude impliquant le laboratoire LBVpam de l'Université Jean Monnet autour de l'histoire de l'hybridation des roses, entre symbole de romantisme et génomique de pointe.
Amour éternel, romantisme intemporel… Depuis l’Antiquité, la rose occupe une place à part dans l’imaginaire occidental et est une source intarissable d’inspiration pour les poètes, artistes et jardiniers. Pourtant, ce n’est qu’au XIXᵉ siècle que la rose connaît sa véritable révolution : en quelques décennies, le monde des rosiers est passé d’une centaine de variétés à plus de 8 000 ! Une explosion de formes, de couleurs et de parfums qui marque ce que l’on peut appeler l’âge d’or des roses.
Une plongée dans les roses anciennes
Pour comprendre comment s’est opérée cette métamorphose, Thibault Leroy de l’INRAE d’Angers a mené un travail avec une équipe de chercheurs et le laboratoire LBVpam (Laboratoire de Biotechnologies Végétales appliquées aux plantes aromatiques et médicinales) de l'UJM. Les chercheurs ont étudié 204 variétés de rosiers encore présentes dans certaines collections botanique, ils ont pu dater avec précision la création de chaque variété, et grâce à l’analyse de leurs caractéristiques visibles (appelées "phénotypes") et de leur ADN, ils sont parvenus à retracer leur histoire génétique en Europe.
Une véritable transformation génétique
Les résultats sont étonnants : en quelques générations seulement, le patrimoine génétique des rosiers européens s’est transformé, passant d’un héritage majoritairement local à un profil presque entièrement asiatique. Ce bouleversement s’explique par les échanges commerciaux du XIXᵉ siècle, lorsque des explorateurs et négociants rapportaient d’Orient des espèces exotiques aux fleurs et aux parfums si différents. Cependant cette transformation a eu un prix : la diversité génétique des rosiers s’est appauvrie, conséquence inévitable d’une sélection intensive. Certaines caractéristiques très prisées, comme le parfum dit "de thé" ou la floraison quasi continue jusqu’à l’automne, proviennent directement des rosiers chinois introduits à cette époque.
Un message pour la préservation des roses
Ce travail de recherche a également permis de créer le plus vaste catalogue d’associations génétiques (GWAS) jamais réalisé sur les rosiers, une ressource précieuse pour les futurs programmes de sélection. Il souligne aussi un message essentiel : préserver les anciennes variétés est crucial pour maintenir la richesse génétique des rosiers et assurer la sélection durable pour les générations à venir. A titre d'exemple, c'est dans ces collections que l’on pourra chercher des résistances naturelles aux pathogènes pour se passer des pesticides, ou de nouveaux parfums.
Cet article est publié en hommage à Laurence Hibrand-Saint Oyant, collègue d'Angers, décédée brusquement lors de ce travail.



