Axes de recherche 2011-2015

Axes de recherche

 

QUINQUENNAL 2011-2015


THÈME DE RECHERCHE : L'AUTORITÉ

  • L'autorité, c'est étymologiquement l'auteur, l'auctor, celui qui est à l'origine de quelque chose, et l'auteur est lié à l'autorité, à l'auctoritas. La position de l'auteur a connu des variations importantes au XXe siècle : après avoir presque disparu sous l'influence de la critique formaliste et structuraliste, l'auteur fait un retour en force avec la postmodernité même si les médias modernes remettent en cause son statut juridique. D'un point de vue littéraire, l'autorité se manifeste aussi par la constitution de modèles, d'un canon, d'une orthodoxie esthétique et, de manière intrinsèque au texte littéraire, par le recours à divers procédés d'écriture (intertextualité, reprises, citations, traductions) et d'argumentation (l'autorité narrative). Des genres littéraires se fondent sur le principe même d'autorité comme le roman à thèse et tous les genres didactiques (exemplum, parabole... ).
  • L'autorité correspond à un pouvoir d'imposer la/sa loi et s'incarne dans diverses formes d'organisations du pouvoir politique : l'autorité est mise en crise par la révolution ou l'anarchie tandis que son hypertrophie génère le totalitarisme, la tyrannie, le despotisme éclairé ou non. Les implications politiques du terme peuvent conduire à s'interroger sur les notions de servitude, de dissidence et de souveraineté. D'un point de vue géopolitique, les œuvres artistiques, les cultures, les langues s'opposent parfois selon un axe antagoniste centre/ périphérie (Occident/ reste du monde, Nord/Sud) qui traduit une réaction des « dominés » contre l'autorité des discours européens et des normes occidentales. Les conflits entre littératures occidentales/ littératures postcoloniales, cultures du nord/ cultures du sud, langues nationales/ langues régionales ou vernaculaires reposent à l'évidence sur des enjeux de suprématie et d'autorité, mais aussi de recherche de légitimité.
  • La littérature peut constituer en soi une forme d'autorité, mais elle est parfois sous influence, presque sous tutelle, celles des « maîtres à penser », des critiques renommés (Barthes, Derrida, Foucault... ), qui exercent l'autorité « douce » de la séduction (à moins qu'il ne s'agisse d'une terreur intellectuelle), mais aussi celle de la philosophie et des sciences humaines en général (histoire, sociologie, psychanalyse... ) qui manifestent une influence (la philosophie de Nietzsche, par exemple) ou informent des genres artistiques tels que le roman ou le film historique.
  • L'autorité réside dans l'imposition de normes sociales comme celles du genre (gender) à la construction desquelles les arts contribuent par leurs discours ou leurs représentations. La littérature et les arts permettent aussi de penser toute une série de figures sociales ou politiques de l'autorité : le père (ou la mère), le roi, l'empereur, ou encore des figures plus abstraites, mais qui peuvent s'incarner, comme la loi (la justice, la prison) ou la religion. La question de l'autorité se pose enfin dans un autre rapport social, la relation didactique du maître et de l'élève, qui renvoie à la problématique de l'obéissance et de la soumission, volontaire ou non, à l'autorité.

Deux axes principaux seront étudiés :

AXE 1  -  L'autorité instituée
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AXE 2  -  L'autorité contestée
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  • Ces deux axes sur lesquels le CELEC centrera ses recherches, seront déclinés de la façon suivante :
    L'autorité instituée sera analysée à travers d'une part, les figures qui l'incarnent : l'auteur et différentes figures sociales et politiques, et d'autre part à travers les Écoles, les codes et les normes qui canalisent, légitiment et exportent l'autorité.
    L'autorité contestée sera abordée selon différentes modalités geo-politique ou générique : l'Auctoritas politique, l'Auctoritas européenne et l'Auctoritas masculine.