Travailler ensemble ou côte à côte ? Nourrir le collectif : une urgence à l’heure du numérique

La prochaine conférence de l'Institut du Travail de Saint-Étienne sera présentée par Yves GRASSET sur le travail et le numérique.

La conférence est ouverte à tous, gratuite et sans inscription au préalable.

Il semble aller de soi que le travail témoigne de la réalisation d’une œuvre commune. Pourtant aujourd’hui le collectif se fissure, se distend, se morcelle, et ce dans un ensemble toujours plus vaste d’environnements professionnels. Il apparaît même comme la source apparente de difficulté dans nombre de problèmes qualifiés de « psychosociaux ». L’individualisation poussée continûment dans la mesure des performances, la mise en concurrence entre services, départements ou équipiers au sein de la même organisation, accélèrent ce délitement. Le collectif est souvent l’objet d’une approche paradoxale : on évoque régulièrement et publiquement son importance, tout en s’efforçant constamment d’en limiter la portée et d’en contrôler la dynamique.

L’emprise du numérique, l’« ubérisation », la culture du chiffre, la cobotique, annoncent un changement profond du rapport au travail, mais aussi de nos rapports (humains) dans le travail. Ainsi les prescriptions se font désormais souvent « à distance » et les appuis face aux difficultés parfois recherchés dans des blogs spécialisés.

La fragilité des liens ne nuit pas seulement aux salariés ou agents, elle vient aussi ruiner la capacité d’adaptation et de régulation des organisations, pourtant si nécessaire pour anticiper et affronter les évolutions.

Mais pour les partenaires sociaux aussi, cette révolution du numérique est également source de difficulté : la diffusion spontanée des messages et la circulation de l’information s’accommodent mal de la culture syndicale.

Présentation de l’auteur

Yves Grasset est consultant et formateur. Il est membre du RISC (réseau international de sociologie clinique).

Sa thèse en sociologie clinique soutenue à l’Université Diderot Paris 7 portait sur le lien entre le recul des collectifs et la montée des plaintes au travail. Il travaille depuis 25 ans sur les conséquences de l’exposition aux situations malsaines et/ou de violences.

Il a créé VTE (Violences, Travail, Environnement) avec le Pr. Michel Debout en 1998, et participé activement à la réflexion, tant sur la compréhension des dynamiques des risques psychosociaux, que sur le processus et les conditions de l’intervention, notamment avec l’ANACT et la DGT.

Il a coordonné l’ouvrage collectif « Risques psychosociaux au travail ; vraies questions, bonnes réponses » (2° édition chez Liaisons en 2011, et il est l’auteur de « Nourrir le collectif ; sortir de l’individualisation pour sauver le travail » à paraître chez L’Harmattan.