Eric MARLIERE , Des "metallos" aux "jeunes des cités"

Des " metallos" aux " jeunes des cités"

de 18 heures à 20 heures

Dans l'amphi EO1, Entrée: rue Richard, Tram: Arrêt Tréfilerie

Intervenant: Mr Eric MARLIERE

Conférence ouverte à tous, sans inscription et gratuite

Comment est-on passé des « banlieues rouges » aux « quartiers sensibles » ? Qu’est-ce qui différencie le « métallo » de l’entre-deux-guerres, soumis à des conditions de travail difficiles mais « intégré » dans le monde du travail, du « jeune de cité » en quête perpétuelle d’une insertion professionnelle et sociale, voire de reconnaissance et surtout d’une « dignité » ? Bien que marginalisés, les ouvriers de l’entre-deux-guerres appartenaient au monde industriel alors que la dernière généalogie ouvrière locale est bien davantage confrontée aux phénomènes de précarité et de chômage. Si le monde ouvrier se trouve déstabilisé dans son ensemble par l’effritement de l’activité salariale et fragilisé par l’érosion de la protection sociale, les « quartiers sensibles » superposent une problématique de l’immigration et de l’« ethnicité » à la « question sociale » qui avait révélé, un siècle plus tôt, l’acuité des inégalités sociales. La différence la plus fondamentale tient peut-être à ce que les ouvriers d’alors portaient les espoirs de la modernité industrielle, nonobstant les comportements des métallos « rugueux » arrivés de leur campagne que les élites urbaines de l’époque jugeaient peu rassurants. Ils étaient inscrits dans des rapports de production alors que les « jeunes de banlieues » sont d'abord appréhendés par les pouvoirs publics et médiatiques comme un groupe inquiétant et menaçant pour la cohésion sociale d’une société en proie à l’incertitude.

Cette recherche socio-historique a sans aucun doute mise en exergue la nature conflictuelle des rapports sociaux entre la classe ouvrière avec l’usine puis ensuite les classes populaires avec les institutions d’Etat qu’elles soient d’ordre économiques ou sociales avec comme enjeu principal la question des inégalités, de la résistance et du sentiment d’injustice. Une sorte de sociohistoire des tensions à laquelle je me suis attelé à montrer que les cycles politiques ou économiques favorables ou défavorables peuvent atténuer ou au contraire attiser les conflits entre les classes populaires et les institutions.  

Eric Marlière est maître de conférences en sociologie à l'Université de Lille, directeur-adjoint du Centre de Recherche "Individus, Epreuves, Sociétés" (CeRIES/EA 3589/Université de Lille). Ses recherches portent sur les recompositions culturelles des jeunesses populaires urbaines, les révoltes sociales et urbaines et plus récemment sur les processus dits de radicalisation.

Ouvrages principaux : Des métallos aux jeunes des cités. Sociohistoire d’une banlieue ouvrière en mutation, Paris Edition du Cygne, 2014.

La France nous a lâchés ! Le sentiment d’injustice chez les jeunes de cité, Paris, Fayard, 2008.

Télécharger le fichier «Présentation de la conférence.pdf» (265.7 KB)