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Accélérateur de projetsFaciliter le recensement des insectes, un enjeu écologique d’actualité soutenu par la Fondation de l’UJM

La Fondation de l’Université Jean Monnet s'engage pour promouvoir l'excellence de la recherche menée à l'UJM et favorise l'émergence de projets à fort potentiel, toutes disciplines et thématiques scientifiques confondues. Dans le cadre de son fonds d’amorçage recherche, elle soutient notamment le projet de la chercheuse Florence Nicolè, autour de la communication des insectes et des plantes.

Le projet de recherche de Florence Nicolè, enseignante-chercheure à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne, soutenu par la Fondation UJM :

Le LBVpam :  un laboratoire qui travaille sur les composés volatils végétaux, utiles pour de nombreux secteurs de l’industrie

Photo © La Fabrique du Film

Florence Nicolè est enseignante et chercheuse à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne. Elle travaille au sein du Laboratoire de Biotechnologies Végétales appliquées aux Plantes Aromatiques et Médicinales (LBVpam - tutelles), spécialisé dans l’étude de la diversité et de la biosynthèse des composés volatils végétaux, en particulier chez les plantes à parfum, aromatiques et médicinales. Le laboratoire collabore régulièrement à l’international avec les États-Unis, les Pays-Bas, la Chine ou encore le Canada et l’Algérie. Il est reconnu notamment pour ses travaux de recherche autour du parfum des roses.

Pourquoi certaines plantes sont-elles parfumées et d’autres pas ? Comment et où les plantes fabriquent-elles leurs parfums ? A quoi servent ces parfums pour la plante ? Voilà les questions auxquels tentent de répondre Florence Nicolè avec ses collaborateurs au LBVpam. De nombreuses plantes sont étudiées : les roses dont les pétales émettent du parfum, les lamiacées (lavandes, sauge) et les pélargoniums qui stockent des composés volatils grâce à des glandes à la surface des fleurs et des feuilles. Ces composés volatils constituent les messagers d’un langage encore peu connu. Ils permettent aux plantes d’échanger avec leur environnement : attirer des pollinisateurs, se protéger des ravageurs et des stress environnementaux (UV, froid, sécheresse), interagir avec d’autres plantes.

Ces composés sont exploités par l’Homme pour leurs différentes propriétés, médicinales, protectrices ou encore répulsives. Le plus souvent extraites de la plante par distillation, les huiles essentielles obtenues sont utilisées en cosmétique, parfumerie, agronomie, ainsi que dans l'industrie pharmaceutique et alimentaire. Certaines de ces plantes sont aussi utilisées pour l’agrément dans le domaine horticole (plantes de jardin, fleurs coupées).

En parallèle de ses activités de recherche, Florence Nicolè enseigne les biostatistiques, l’écologie et l’évolution à l’Université Jean Monnet, où elle est responsable du Master 2 Écologie-Éthologie. Elle est également Présidente du Conservatoire National des Plantes à Parfum, Médicinales et Aromatiques depuis 2018.

Recenser les insectes grâce aux sons qu’ils émettent : un projet de recherche novateur et crucial au regard des enjeux écologiques actuels

Photo © Pexels

Dérèglement climatique, déforestation, agriculture intensive associée à l’usage de pesticides et herbicides, effondrement de la biodiversité… La crise écologique globale que le monde connaît à l’heure actuelle a un impact fort sur tous les organismes vivants. L’extinction massive des populations d’insectes met en lumière l’importance du rôle des insectes dans l’équilibre fragile de nos écosystèmes. Par exemple, 84% des cultures dépendent du service écologique gratuit fourni par les pollinisateurs. Sans eux, plus de graines et donc plus de plantes à fleurs. Sans plantes, plus d’oxygène et plus d’animaux. Le projet de recherche de Florence Nicolè a donc pour ambition de faciliter le recensement des populations d’insectes, afin d’être en capacité de mesurer l’évolution de leur abondance et de leur diversité.

« Actuellement, la seule possibilité que nous avons d’évaluer la diversité des insectes sur un site donné consiste à les capturer avec des méthodes de collecte traditionnelle, comme le filet à papillons, puis à identifier chaque individu. Il est possible d’identifier certaines espèces sur le terrain et de les relâcher. Cependant, pour de nombreux individus, il est nécessaire de les tuer pour pouvoir leur donner un nom. Commence alors une étape de détermination qui est relativement longue, fastidieuse et parfois très difficile » nous dit-elle. 

« Notre idée est novatrice, puisque nous souhaitons pouvoir recenser la diversité des espèces d’insectes en enregistrant la diversité des sons qu’ils émettent. De nombreux travaux montrent que la complexité d’un paysage sonore permet ainsi de mesurer la diversité des organismes présents. Cela donne lieu à une discipline récente appelée l'éco-acoustique. Nous cherchons à obtenir un indicateur facile à utiliser, aussi bien pour la recherche que pour des collectivités et des entreprises qui auraient besoin d’évaluer des mesures de gestion pour favoriser la diversité des insectes. »

Étudier la communication entre insectes et plantes pour lutter contre les maladies de certains végétaux

Photo © Pexels

Le champ d’application des recherches de Florence Nicolè est vaste, puisqu’elle s’intéresse également aux modes de communication entre insectes et plantes : « Les odeurs des plantes sont des mots. Nous pensons qu’il est possible d’utiliser le langage des odeurs des plantes pour lutter contre certaines maladies qu’elles possèdent. »

Elle développe : « A titre d’exemple, la ‘maladie du dépérissement de la lavande’ est due à une bactérie qui est transmise de plante en plante grâce une espèce de petite cigale qui se nourrit de sève où vit la bactérie. Nos résultats laissent penser que la bactérie manipule la plante infectée pour lui faire produire des composés chimiques très attractifs pour l’insecte.  La cigale va se nourrir sur la plante infectée et favoriser la propagation de la bactérie à d’autres plantes. L’idée serait d’utiliser ces composés attractifs afin de piéger les insectes et de diminuer leur population. Ces thématiques sont assez difficiles à financer. La Fondation de l’Université Jean Monnet nous a fait confiance sur ces axes de recherche novateurs dont les premiers résultats sur l'indice de biodiversité acoustique concernant les insectes sont extrêmement porteurs. Grâce à ce financement, nous sommes aujourd’hui contactés par beaucoup d’acteurs différents, ce qui démontre l’intérêt porté à notre thématique de recherche. »

Le projet de recherche du LBVpam soutenu par la Fondation de l’UJM

Depuis 2016, à travers un dispositif nommé « fonds d’amorçage », la Fondation de l’UJM soutient des projets de recherche émergeants à fort potentiel. Ainsi, depuis 5 ans, ce sont 32 projets concernant des recherches à forte visée applicative et/ou fondamentales pour nos sociétés, qui ont été soutenus pour un montant total de presque 500 000 euros. Le projet du LBVPAM et de la chercheure Florence Nicolè a été lauréat du fonds d’amorçage de la Fondation UJM et bénéficie aujourd’hui, dans ce cadre, d’un accompagnement financier de 17 000 euros.  

 

Publié le 18 juin 2021