L'origine inattendue du parfum des roses

L'origine inattendue du parfum des roses

Biosynthesis of monoterpene scent compounds in roses. Science, 3 juillet 2015. Jean-Louis Magnard, Aymeric Roccia, Jean-Claude Caissard, Philippe Vergne, Pulu Sun, Romain Hecquet, Annick Dubois, Laurence Hibrand-Saint Oyant, Frédéric Jullien, Florence Nicolè, Olivier Raymond, Stéphanie Huguet, Raymonde Baltenweck, Sophie Meyer, Patricia Claudel, Julien Jeauffre, Michel Rohmer, Fabrice Foucher, Philippe Hugueney, Mohammed Bendahmane et Sylvie Baudino,

La rose est la fleur la plus vendue au monde. Composé de centaines de molécules odorantes, son parfum est utilisé depuis l'Antiquité par les parfumeurs et l'industrie de la cosmétique. L'odeur typique de rose est attribuée principalement aux molécules de la famille des monoterpènes (en particulier le géraniol). Comment ces monoterpènes sont-ils synthétisés chez les roses et pourquoi certaines roses ne sont-elles pas parfumées ? Ce sont les deux questions auxquelles ont tenté de répondre le LBVpam, en collaboration avec des chercheurs de l'Inra, de l'ENS de Lyon, des Universités de Strasbourg et de Lyon et du CNRS .

Jusqu'à présent, on pensait qu'il n'existait qu'une seule voie de biosynthèse de ces monoterpènes, faisant intervenir des enzymes de la famille des terpènes synthases. Pour la première fois, les chercheurs révèlent, chez la rose, une nouvelle voie de biosynthèse de ces monoterpènes : celle-ci ne fait pas intervenir des terpènes synthases mais une enzyme appelée nudix hydrolase (RhNUDX1). Les scientifiques ont également montré que les roses non parfumées n'expriment pas le gène RhNUDX1.
Ce type d'enzymes nudix hydrolase est connu chez tous les êtres vivants mais n'avait encore jamais été associé au parfum. Par exemple, chez Arabidopsis, une nudix hydrolase similaire intervient dans l'élimination des produits toxiques de la cellule lors d'un stress oxydatif, évitant ainsi des dommages génétiques.

A terme, ces résultats devraient permettre de comprendre quelle est l'origine du parfum de la rose, et en particulier de savoir si la fonction spécifique de RhNUDX1 est apparue au cours de la domestication de cette plante ou de manière plus ancienne au cours de l'évolution. De plus, ces travaux permettent d'expliquer pourquoi de nombreuses roses sont dépourvues de parfum (le plus souvent les roses coupées, destinées au bouquet) : ces fleurs n'expriment pas RhNUDX1. La découverte de ce gène permet d'envisager la possibilité de l'utiliser comme marqueur durant la sélection des rosiers, de manière à pouvoir, dans un avenir proche, acheter chez le fleuriste des bouquets de roses parfumées, à coup sûr !

Publié le 3 juillet 2015