SAINT-SIMONISME ET ECONOMIE - Textes économiques saint-simoniens

SAINT-SIMONISME ET ECONOMIE - Textes économiques saint-simoniens

 

Un moment saint-simonien en économie politique

 

 

par M. Bellet, S. Beudon, L. Causse, S. Coperey-Lorca, G. Chatagnon, A. Fliti 

 

 

 

 

 

On trouvera sur le site les textes ou extraits de textes qui paraissent les plus révélateurs de ce que l'on peut appeler l'économie politique saint-simonienne. Cet accès numérisé doit permettre une connaissance et un travail scientifiques portant sur un épisode central mais mal connu de la pensée économique en France et dans le monde.

 

 

 

Son point de départ a été un projet global, intitulé « Textes et documents du saint-simonisme », initié par Philippe Régnier (UMR CNRS 5611 LIRE), en collaboration avec l'UMR CNRS 5206 TRIANGLE et le CREUSET FRE CNRS 2938 devenu depuis UMR CNRS 5824 avec GATE (GATE Lyon Saint-Etienne). Ce projet a fait l'objet d'un Contrat de Plan (puis de Projet) Etat-Région (CPER) avec l'Etat et la Région Rhône-Alpes, et a permis de faire une première sélection de textes. Le projet a été poursuivi par le GATE Lyon Saint-Etienne, qui a élargi la base de textes à vocation économique présentés ici, avec une équipe constituée de quatre chercheurs (Bellet M., Boureille B., Jacoud G., Zouache A.), deux ingénieurs d'études documentaliste (Causse L. puis Beudon S.), un assistant ingénieur en informatique (G. Chatagnon) puis un ingénieur en informatique (A. Fliti) et une assistante (S. Coperey-Llorca). Il associe maintenant le doctorant A. Lutz. L'aboutissement du projet a été permis par le financement du CNRS, mais aussi de St-Etienne Métropole dans un projet commun GATE Lyon St-Etienne, l'ARC 5 de la Région Rhône-Alpes et, pour le traitement technique du site, la DSI de l'Université de Saint-Etienne et l'ISH Lyon USR CNRS 3385.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I. DEFI ET ENJEUX D'UNE SELECTION DES TEXTES ECONOMIQUES SAINT-SIMONIENS

 

Permettre un accès aux textes à contenu économique des saint-simoniens, et ainsi ouvrir le questionnement sur l'existence d'un « moment » [1] saint-simonien en économie représente un aujourd'hui un défi et un enjeu, pour quatre raisons principales : une méconnaissance concernant le contenu économique du saint-simonisme, les difficultés à qualifier historiquement et mais aussi théoriquement la période de constitution de la doctrine économique saint-simonienne, la multiplicité d'interprétations qui affectent peu ou prou cette doctrine, et enfin la difficulté même à avoir accès à un corpus stabilisé de textes à contenu économique.

 

Le projet repose sur quatre constatations initiales :  une méconnaissance concernant le contenu économique du saint-simonisme, les difficultés à qualifier historiquement et mais aussi théoriquement la période de constitution de la doctrine économique saint-simonienne, la multiplicité d'interprétations qui affectent peu ou prou cette analyse, et enfin la difficulté même à avoir accès jusqu'à alors à un corpus stabilisé de textes à contenu économique.

 



[1] La notion de « moment » peut prendre des acceptions diverses, très ambitieuse par exemple chez Pocock concernant le « moment machiavélien » et le républicanisme, plus restreinte par exemple chez Rosanvallon concernant le « moment Guizot ». Ici, nous laissons volontairement ouverte la question du statut de cette notion visant le saint-simonisme en économie politique.

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La première raison tient au fait que le moment saint-simonien de l'économie politique demeure encore très mal connu et souvent déprécié dans l'esprit de la science économique actuelle. Ce moment est rarement distingué en tant que tel et paraît plus relever de considérations philosophiques et religieuses, sociales et politiques que de considérations économiques. L'héritage laissé par Saint-Simon, de ce point de vue, est demeuré prégnant, dans la mesure où la délimitation d'une économie politique associée à cet auteur s'avère pour certains délicate et limitée, voire subordonnée à de simples références directes à Turgot, Smith et quasi exclusivement à Say [1] : la« doctrine » industrialiste du maître ne pourrait avoir statut d'analyse économique véritable. Lorsque l'on s'intéresse aux disciples du maître [2], et que surgissent alors les noms attachés à ce moment saint-simonien (Enfantin, Bazard, Chevalier, les frères Pereire...), c'est plus souvent pour des motifs liés au développement des grandes infrastructures (Canal de Suez, Canal de Panama, chemins de fer...) et du système bancaire (Crédit Mobilier...) que pour des raisons liées à la théorie économique. Les caractéristiques attachées à ce qui serait devenu une simple« secte » religieuse demeurent aussi des marqueurs tenaces. Plus quel'économie, ce sont en fait surtout la sociologie (du fait de la filiation comtienne et du travail initial de Durkheim, puis de Gurvitch), l'histoire, la littérature et la science politique qui se sont donc plus souvent et plus lourdement impliquées dans les études saint-simoniennes [3]. Les histoires de la pensée économique ont ainsi rarement été prolixes sur ces auteurs, à l'exception notable des six éditions de la célèbre Histoire des doctrines économiques de Charles Gide et Charles Rist [4] (de 1909 à 1947), ou, avec moins d'influence, l'Histoire de l'économie politique en Europe (1837, 5 éditions) de Jérôme Adolphe Blanqui(qui, rappelons-le, fut un très important contributeur du Producteur saint-simonien en 1825-26 [5]) ou encore l'analyse spécifique de Reybaud (1841). Dans ce cas, l'héritage des saint-simoniens est souvent assimilé, en continuité plus ou moins marquée avec la doctrine du maître, à l'émergence de la pensée socialiste ou collectiviste (parallèlement à deux autres écoles, celle de Proudhon et celle de Fourier, si on se limite à la France). Les histoires de la pensée économique écrites au XXème siècle tendent le plus souvent à marginaliser ce moment, au moins si l'on s'en tient aux deux plus grands textes étrangers. Ainsi la grande Histoire de l'analyse économique de Schumpeter (1954), dans sa« revue des troupes » consacrée à la période 1790-1870, consacre certes trois pages pénétrantes au « socialisme saint-simonien », mais c'est au nom d'une opposition entre histoire de la pensée et histoire de l'analyse : la contribution des saint-simoniens à l'analyse y est jugé emince. L'histoire de Pribam (1978, posthume), articulée sur les fondements (nonéconomiques) du raisonnement économique, retient le rôle de Saint-Simon et deses disciples dans le développement d'une conception déterministe del'organisation sociale et économique, mais demeure rapide. Le manuel françaisde Denis (1966 1ère ed.), qui fut largement utilisé dans les Universités françaises, est plus précis, en consacrant un chapitre aux saint-simoniens, sous la rubrique « socialisme technocratique », dans une optique pré-marxiste. Durant ce siècle, les analyses économiques spécifiques sont par ailleurs très peu nombreuses, et souvent issues de travaux étrangers (par exemple celle du marxiste américain H. Grossman en 1943). Lesthèses consacrés aux travaux économiques des saint-simoniens sont aussi trèsrares (la plus connue est sans doute celle de de Witt, 1902 ; cf. aussi Wallon, 1908 et Vergeot, 1918). Il faut en fait attendre le XXIème siècle pourvoir réapparaître des thèses d'économie sur le sujet (Yonnet, 2000, Bénausse2003). La réédition d'articles ayant étudié les « dissidents »économiques (dont les saint-simoniens) par l'historien de la pensée économique Blaug (1992) constitue donc une initiative originale, précédant la nouvelle impulsion des années 2000. La Nouvelle histoire de la pensée économique (tome 2, 2000), qui sans doute est la plus complète et actualisée aujourd'hui en langue française, consacre une sous partie aux « réformateurs sociaux », avec dix pages dédiées à Saint-Simon et aux saint-simoniens (dues à R. Ege). Le Palgrave (1987), dictionnaire économique de référence mondiale,consacre une rubrique à Saint-Simon et évoque le  rôle de Comte et Halévy dans la formation du« Saint Simonianism » (p. 233) ; Saint-Simon est encore rapidement mentionné dans la rubrique « Utopias » (p. 785). Deux textes portant sur les saint-simoniens (Bellet, Chateauneuf et Yonnet) font partie de lasynthèse sur les « traditions économiques françaises » (dir. Dockès et alii, 2000) publiée par le CNRS.

 

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Face à cette relative discrétion, on ne peut pourtant qu'être frappé par le fait que de grands économistes et penseurs des 19ème et 20ème siècle sont consacré du temps à lire Saint-Simon et les saint-simoniens, et ils ont souvent consacré des pages significatives les concernant. Listons ainsi JS.Mill (1832, 1834, 1848, 1872, 1898 notamment [6]), List (1841), Engels(1845, 1877, 1880) et Marx (de 1844 à 1867-94 [7]), Walras (1860, 1896, 1898 notamment [8]), C. Menger (1871, 1883 [9]) et son frère A. Menger(1886), Wicksell (in Garlund 1958), Pareto (1902-3), Euken (1921), Hayek (1941notamment), Sraffa (1929), Myrdal (1930 [10]), Mason (1931), Robbins(1952, 1979-81 [11]), Perroux (1973)... On voit en particulier qu'à l'exception de Marshall [12], nombre d'auteurs ayant joué un rôle significatif dans la mutation de la discipline économique ont éprouvé le besoin de lire Saint-Simon et ses disciples. La liste est longue des économistes significatifs qui ont souligné le rôle majeur des saint-simoniens,y compris dans les adversaires d'une ligne d'analyse qui va rapidement être assimilée au « socialisme ». Cet indice majeur devrait inciter les chercheurs en économie et, plus largement en science sociale [13], à accorder plus d'importance à ce que l'on pourrait appeler le moment saint-simonien en économie.



[1] Les références directes de Saint-Simon aux auteurs significatifs de la science nouvelle de l'économie politique (et en particulier à la mise en cause des « systèmes »agricole (physiocrate) et commercial (« mercantilistes »), sont raresdans son oeuvre : elles apparaissent quasi exclusivement dans le volume deL'Industrie de 1817 (tomes 2 et 4),dans Le politique de 1819 et dans l'Organisateur de 1820, autour de Sayessentiellement. Pour Saint-Simon, Say, avec son Traité, est le représentant tutélaire de la nouvelle sciencepositive, même si le rapport entre cette science et la politique est l'objetd'un désaccord. Il est probable queSaint-Simon n'ait lu la Richesse desnations de Smith qu'au travers de la lecture de Say (et non au travers dela traduction elle-même particulière de Garnier). Dans les œuvres deSaint-Simon, le nom de Quesnay n'est jamais cité ; Sismondi est mentionnéune fois en 1819 ; l'interruption de la publication du tome quatrième del'Industrie (1818) a empêché lesdéveloppements attendus sur Malthus.... Turgot et Necker sont évoqués essentiellementau nom des grands administrateurs et de leur rôle pour faciliterl'établissement du système industriel...

[2] Enfantin utilisel'appellation « Ecole de St-Simon » dans la préface à l'Exposition de la doctrine de Saint-Simon (1830,p. VI).

[3] Les deux articles d'Halévy(1907-1908), qui demeurent remarquables, se situent dans l'esprit d'une analysedes « doctrines ». La série des 5 numéros d'Economie et Sociétés, dirigée par F. Perroux et P.-M. Schuhl entre1964 et 1971, fait certes exception (notamment le vol. IV. Economie politique).Elle est cependant plus souvent tournée vers l'histoire économique que versl'analyse économique. Pour des travaux récents, voir le groupe du GATE LyonSaint-Etienne ci-dessous, mais aussi F. Yonnet (2004 notamment), P. Steiner(1998, 2006, 2008) et A. Faccarello et P. Steiner (2008).

[4] Bouglé (1932) dans sonbilan du saint-simonisme, indique, dans le contexte des années trente :« M. Charles Rist, dans la Revue d'Économie politique rénovée,déclarait que nous avions plus que jamais besoin d'un bain deSaint-Simonisme. » (chap.VI, p.103).

[5] On regardera l'éloge del'école saint-simonienne dans l'introduction de son Histoire (pp. XX-XXIII), enplus du chapitre spécifique qui lui est consacré.

[6] Cf. exemple cet extraitd'un long article de L'Examiner le 2février 1834 portant sur le saint-simonisme et mettant en cause les approchesl'accusant d' universal profigacy and universal plunder' : s'il enétait ainsi, « ...is it likely that financial and commercial articles of almostall the principal newspapers, both in Paris and the provinces, and all thearticles of the only Review of a High philosophical character now existing inFrance, would be, as they are, written either by ex-St. Simonians, or bypersons whose intellects have been formed chiefly by the St.Simonians ?There is scarcely a thinker of any importance, in France, atthe present moment, who is largely indebted to St. Simonism... » (pp.68-69).

[7] Par exemple, dans L'idéologie allemande (1845), à ceux quiavancent que, dans les doctrines sociales, la religion tenait la premièreplace, Marx répond : « Non, dans Leglobe, ce n'est absolument pas vrai. Leglobe contient les critiques les plus détaillées et les plus solides del'ordre existant, particulièrement dans le domaine économique » (1845, p.560).

[8] Cf. Jolink, 1996, chap. IVsur les liens de Auguste et Léon Walras avec le saint-simonisme, et leséléments de l'édition des œuvres économiques complètes de A. et L. Walraseffectuée par l'UMR Triangle (Economica). Cf. la participation de AugusteWalras aux séances saint-simoniennes en 1829 rue Taranne et son appartenance àun petit groupe de sympathisants st-simoniens à Evreux vers 1831 et la lettreau saint-simonien Gadebled ; cf. les lettres plus tardives de L. Walras àGuéroult, à Jourdan, les relations avec Lambert-Bey, tous trois anciensst-simoniens... (notamment lettre du 1er avril 1860 pour une critiqued'ensemble du saint-simonisme).

[9] Voir Campagnolo (2008) surl'influence de Chevalier sur C. Menger.

[10] Myrdal est peu prolixe, ets'intéresse surtout au rôle de J.S. Mill. Mais il énonce une liaisonfondamentale pour l'économiste, à savoir le lien entre les textessaint-simoniens (et plus globalement les « utopistes français ») etl'institutionnalisme en économie (au moins au sens de l'auteur). Il parle d'une« socialist-institutionnalist objection to laissez-faire as the defence oftrue liberty » (1930, chap. 5, pp. 111-112 et pp.123 et sv.).

[11] « ... And if you arethinking of the history of socialism -not the influence of socialism, but thehistory of socialist theory- I have really no doubt at all that, Marx apart,Saint-Simon, and especially his disciples, were the most intellectuallyinteresting and, I think, influentially the most important thinkers » (p.233).

[12] Malgré sa connaissance destextes de Carlyle et Ruskin (qui ont tous deux entretenu des rapportsimportants avec le saint-simonisme), malgré son intérêt pour l'organisation del'industrie et pour le mouvement coopératif, notamment dans ses premierstravaux, Marshall ne semble pas avoir traité de l'influence saint-simonienne.

[13] Les économistesdevraient être frappés et intrigués par le fait que même en dehors de leurdiscipline, outre les noms déjà cités (Durkheim...), des penseurs importants dessciences sociales ont relevé le rôle de l'approche saint-simonienne (E. Halévy,H. Heine, W. Benjamin, I. Berlin, M. Mauss...). On peut à nouveau citer ladéfense des Saint-Simoniens par J.S. Mill en 1834 : ...There is scarcely a thinker of any importance, inFrance, at the present moment, who is not largely indebted to St. Simonism; andmany have the candour fully to acknowledge the obligation..... (doc. 234). A titre symbolique, onnotera que la tombe de Saint-Simon, au cimetière du Père Lachaise à Paris,comporte comme unique mention « Claude-Henri Rouvroy de Saint-Simonéconomiste 1760 - 1825 »... mais que celle de P. Bourdieu se situe dans unprolongement direct du regard (voir photographie sur la partie iconographiquedu site).

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En effet, le corpus économique est, comme on le verra, significatif  et il touche divers champs de la discipline (sans se réduire au domaine monétaire et bancaire qui, peut-être, a été le plus identifiable, mais en traitant aussi du machinisme, des crises, du travail, des travaux publics, de l'impôt, de l'amortissement, des finances publiques et de la dette publique, de l'héritage,du paupérisme, de la justice...). Il suffit par exemple de feuilleter les textes du Producteur pour ne pas douter de l'importance des textes économiques des saint-simoniens. De manière plus générale (et cela représente bien sûr une difficulté et un enjeu), le corpus engage aussi une théorie générale de l'économie politique comme politique. A ce titre, il révèle une conception de la discipline économique explicitement enchâssée dans la politique (à la différence de la position de Say), mais qui prolonge, à sa manière, une conception des « sciences morales » du18ème siècle. Les saint-simoniens poursuivent donc, de manière spécifique, une tradition forte de refus d'autonomisation de l'économie comme discipline, ce qui ne signifie pas une absence d'intervention sur ce champ. Signalons enfin que les textes économiques saint-simoniens font aussi partie du paysage de la pensée économique de l'époque, puisqu'ils se confrontent à ceux de plusieurs économistes, des plus significatifs aux moins prestigieux  (Say, Sismondi, Ricardo, Mac Culloch, Malthus,Godwin, Adolphe Blanqui, Bentham, A. Comte, Dunoyer, Ch. Comte, Passy, Destuttde Tracy, Owen, Schmalz, Storch...), tout en se référant à un certain nombre d'auteurs du XVIIème et XVIIIème siècles (Locke, Hume, Rousseau, Montesquieu,Mirabeau, Turgot, Smith, Quesnay, Law, Necker notamment).

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La deuxième raison tient à une difficulté liée à la période de constitution et de mise au point de la doctrine saint-simonienne, à savoir 1825-1832. Cette période est en effet marquée, sur le plan de l'histoire (la Restauration) mais aussi des idées économiques, par un chevauchement : celui de la fin du XVIIIème siècle et du début XIXème siècle. Cette période est profondément spécifique, alors même qu'elle a été trop souvent assimilée dans l'analyse au contexte suivant (République et Révolution), ouvert en 1848, alors marqué par une rupture : question sociale, montée du mouvement ouvrier, socialismes...etc. L'élaboration de la doctrine saint-simonienne ne relève pas de ce contexte nouveau ouvert en 1848 [1] : elle coïncide à la fois avec la volonté de terminer la Révolution française, de trouver un nouveau principe d'ordre, et la tentative de cerner les premières nouvelles ruptures de 1830. Il faut donc sûrement défendre et interroger cette spécificité, sur le plan historique (Démier, 2012 notamment), mais aussi sur le plan de l'analyse et du discours économiques. De ce point de vue, il faut prendre aussi sûrement prendre en compte ce que Béraud, Gislain, Steiner (2004) appellent un contexte « néo-smithien » français en économie politique : la filiation smithienne en France (Say, en particulier, malgré ses critiques), après la domination de la « secte économiste » (Quesnay et les physiocrates) et la mise en cause du « système mercantile », est forte, mais elle ne conduit absolument pas à la disparition de la référence aux deux autres « systèmes ». Le rôle d'une néo-physiocratie (Garnier, Dutens...), d'un néo-mercantilisme (Ferrier ...), avec des combinaisons variables (Ganilh), demeure net sur la période. La caractérisation du saint-simonisme à partir d'un croisement entre industrialisme (influence de Smith et de Say, par Saint-Simon lui-même), d'une physiologie de l'organisation (influence des idéologues comme Cabanis, rôle de Buchez) et d'un évolutionnisme (allant de Condorcet à Ballanche) n'épuise pas la question : comment les saint-simoniens, qui sont néo-smithiens quant au rôle confié au travail, mais qui développent très vite une lecture critique de l'économie politique, tentent-ils de gagner une place au sein des conceptions économiques de l'époque ? [2] Entre l'héritage de Saint-Simon lui-même, très peu poussé sur le plan de l'analyse économique et s'en remettant à Smith et Say, entre la lecture de Bentham, de Destutt de Tracy au cours de leur formation (pour Enfantin, Bazard et Rodrigues), avec l'appui d'une lecture de Smith par l'intermédiaire de Garnier, une lecture encore plus indirecte de Ricardo, l'influence d'un Sismondi libéral puis critique, le compagnonnage temporaire de A. Blanqui... sur quelles bases les saint-simoniens [3] établissent-il leur approche ? A une époque où la « nouvelle science » de l'économie politique est en train de s'institutionnaliser en France avec difficulté et ne fait pas l'unanimité (rapport avec la législation, rapport au politique, rôle de l'abstraction...), il faut d'ailleurs prendre en compte un champ plus large que le champ dit économique pour comprendre le positionnement des saint-simoniens : des auteurs non strictement économistes, comme Stendhal, Constant, Mme de Staël, Ch. Comte et Dunoyer..., des revues à contenu culturel et scientifique large (Revue encyclopédique, mais aussi Globe de 1824 à 1830 avant la conquête saint-simonienne, Moniteur universel, Censeur européen, Revue Britannique, ... ), souvent commentés par les saint-simoniens, sont à examiner. Les terrains précis de la conception économique des saint-simoniens (propriété, banque, intérêt, travaux publics, amortissement public, impôts, héritage...), autour de questions centrales à l'époque, sont bien identifiables et devraient alimenter le questionnement sur la réalité du moment saint-simonien en économie politique.

 



[1] Même si l'influence et le rôle des hommes et des femmes qui y ont contribué va jusqu'au Second Empire, sous des formes diverses (cf. ci-dessous sur la justification de la période 1825-1832 retenue ici).

[2]On notera que, si les analyses des économistes jouant un rôle dans les débats de l'époque sont nombreuses chez les saint-simoniens (Smith, Say, Sismondi, Quesnay, Turgot, Malthus, J. S. Mill, McCulloch, Galiani, Law, Necker, Dupin, d'Hauteville, Cazeaux, Fazy...), la situation inverse de la part des contemporains de la période 1825-32 demeure rare (John Stuart Mill demeure une exception).

[3] Essentiellement Enfantin, Rodrigues, Rouen, A. Blanqui, Allier, Dubochet, Decaen et dans une faible mesure Bazard, durant la période du Producteur (1825-26), puis Enfantin, Chevalier, Rodrigues, Decourdemanche, les frères Pereire, Flachat et Clapeyron, Fournel, Duveyrier, Guéroult, Delaporte dans la période du Globe (novembre 1830-avril 1832), auxquels on pourrait rajouter Laurent, Reynaud, Transon (Organisateur), Toussaint (Organisateur belge), Béranger et  Machereau (Feuilles populaires) et Bazard (texte sur usure). Si l'on s'en tient au texte central de l'Exposition de la doctrine, on constatera que la référence aux politistes, légistes et philosophes l'emporte très largement sur celle dédiée aux économistes (Smith, par exemple, n'est pas cité).

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La troisième raison tient à ce que le caractère pluridisciplinaire (compte tenu de la définition de l'économie politique défendue), touffu, multiforme et évolutif de la pensée saint-simonienne a ouvert des interprétations multiples et contradictoires, au moins en apparence. Les saint-simoniens ont été très rapidement assimilés à une pensée pré-socialiste ou au socialisme utopique voire romantique, ou encore au socialisme hiérarchique. Dès les années 1840 [1] et surtout à partir de 1848, cette assimilation aux « socialistes » (associant sans ménagement Saint-Simon, Fourier, Owen, Blanc, Cabet, Leroux), opposés à « la liberté » et aux « économistes » est clairement délimitée en France [2], et va se perpétuer assez longtemps, le plus souvent sous des formes assez superficielles. Une certaine lecture marxiste va ensuite codifier une interprétation complémentaire en termes de socialisme utopique pré-marxiste (Engels, 1880 dans ce qui est une sélection partielle et réductrice pour la France de l'ouvrage de 1877 [3]). D'autres approches ont cependant suivi, modifiant cette dichotomie simplificatrice ou développant certaines remarques plus contradictoires : elles invoquent alors un rattachement au collectivisme (Malon et ses disciples de la Revue socialiste entre 1885 et 1914 [4], Gide et Rist concernant les disciples saint-simoniens), le rôle central de l'industrialisme et, en définitive, la défense du capitalisme de grandes firmes (Mason 1931), un socialisme technocratique (Denis, dans son manuel célèbre en France, 1966) ou une technocratie managériale, un capitalisme utopique (Ratcliffe, 1978, Gioia, 2007), un corporatisme économique mais aussi un libéralisme ... Dans cette accumulation de lectures, certaines appréciations ont été déjà modifiées (par exemple le caractère utopiste) par les travaux plus récents [5]. D'autres ont été ouvertes : le rapport à l'utilitarisme, au républicanisme, à l'éclectisme, ou même au « feminist economics » (par exemple Forget, 2001).

 

Cependant beaucoup reste à faire, tout particulièrement en économie, pour éclaircir le statut du moment saint-simonien. En plus de la question centrale du rapport avec l'école classique à la française « néo Smithienne » évoquée ci-dessus, les rapports avec l'Ecole historique et l'Ecole institutionnaliste en économie demeurent par exemple encore très peu explorés (rapport au politique, aux institutions, voire au religieux). Des questionnements plus délimités (colonies, machinisme, innovation et  brevets...) restent ouverts sur le plan de l'interprétation économique. Le statut exact du moment saint-simonien en économie demeure donc un enjeu interprétatif, dans une période où, comme indiqué, la discipline s'institutionnalise (notamment dans l'enseignement). Période dans laquelle, aussi, face à l'émergence de la question sociale et aux risques « révolutionnaires » (1830, 1832...) les qualificatifs de « libéral » ou de « socialiste » en économie servent postérieurement de catégorisation simpliste et d'alibi, et sont aujourd'hui de plus en plus interrogés. Sont aussi à questionner les catégories employées pour fonder le comportement économique (le triptyque « intérêts »/ »sentiments »/ « idées », la modification de la distinction entre « intérêts privés » et « intérêt public », l'introduction des « sympathies », non présentes chez Saint-Simon, la mention accrue du rôle de « l'égoïsme »...), les catégories de coordination et de régulation économiques (comme les notions de « lois », de « concurrence », de « marché », d' « offre » et de « demande », de « division selon les capacités », de « crise [6] », de « prévision sociale », d' « association », de « politique économique » ) ainsi que les règles de justice (« travail », « repos », « oisiveté », « emploi selon sa capacité et rétribution selon ses œuvres » remplaçant la formule de Saint-Simon « chacun obtient un degré d'importance et des bénéfices proportionnels à sa capacité et sa mise »)... Le statut de l'économie comme science sociale, en lien avec la physiologie, pose déjà la question de l'évolutionnisme en économie. De même, la compréhension du passage de l'adhésion à la science nouvelle de l' « économie politique » insérée dans une organisation sociale adaptée chez Saint-Simon, à une critique de plus en plus nette de cette économie politique et à la revendication de constitution d'une « politique industrielle» chez les disciples suppose un examen précis. Enfin, le statut des rapports entre économie et religion, qui n'est pas un sujet hors actualité, trouve aussi un héritage chez les saint-simoniens, si toutefois l'on prend la peine de ne pas considérer leur approche religieuse comme une pure et simple dégénérescence...

 



[1] L'ouvrage de Reybaud, avec ses nombreuses éditions, à partir de 1841, joue un rôle significatif dans la codification d'un trio: Saint-Simon/St-Simoniens-Fourier-Owen (tome Ier) représentatif des « utopies sociales » avancées par les « réformateurs ou socialistes modernes ».

[2] On lira par exemple cette codification brutale dans le Journal des Economistes, particulièrement dans le conflit très révélateur portant sur la suppression de la chaire d'économie politique au Collège de France en avril 1848, ou dans l'article de Clément (1848). Le raisonnement suppose évidemment de détacher de l'Ecole de Saint-Simon certains saint-simoniens déjà reconvertis (Michel Chevalier tout particulièrement, qui était détenteur de la chaire depuis 1841), ce qui est sûrement simplificateur.

[3] On aurait cependant grand tort à limiter cette lecture à une lecture négative (voir Anti-Dürhing notamment ou L'idéologie allemande, dans laquelle les saint-simoniens sont présentés de manière très favorable par rapport au contexte germanique). Cette remarque vaut pour Marx (cf. bibliographie ci-dessous).

[4] C'est ce groupe autour de Malon (avec Fournière notamment) qui va situer quasi définitivement Saint-Simon et les saint-simoniens en tant qu'initiateurs d'une filiation socialiste, dans la volonté de montrer que l'influence marxiste sur le socialisme français (par le biais des "guesdistes") s'appuyait sur des antécédents français, ou bien même n'était pas pleinement fidèle à une tradition française du socialisme. On peut aussi voir le texte essentiel de Jaurès dans la même revue (1903). Pour une lecture qui souligne les emprunts faits à La  Doctrine par Marx et Engels dans leur Manifeste communiste, le texte d'Andler (1901) joue toujours un rôle essentiel. Il répond encore, à l'époque, à la volonté d'identifier les racines françaises du socialisme international (et en particulier allemand).

[5] Pour une appréciation liée en dominante à la discipline historique, on peut voir par exemple la synthèse récente effectuée par Picon (2002), Prochasson (2004) ou Riot-Sarcey (2005, 2008) et Brémand (2014). Pour une appréciation liée en dominante à la discipline sociologique, on peut voir Laval (2002) et Guillo (2003). Pour une appréciation liée en dominante à l'analyse littéraire, cf. le laboratoire LIRE CNRS, avec les travaux sous la direction de P. Régnier. En ce qui concerne la dominante de science politique, cf. Baker (1989), Stedman-Jones (2004) et Musso (2004, 2006, 2010) ; enfin, sur le plan philosophique, on peut voir les travaux de J. Grange (2005, 2008 notamment).

[6] Il s'agit plus exactement de l'interprétation des crises commerciales, à la suite du débat entre Say et Sismondi dans la Revue encyclopédique en 1824 : plusieurs textes saint-simoniens (Enfantin, Rouen...) doivent permettre de savoir si l'approche saint-simonienne n'est qu'un appendice sismondien des crises d'encombrement. Mais il s'agit aussi plus largement de l'interprétation économique éventuelle des alternances (cycliques) entre périodes critiques et périodes organiques.

SAINT-SIMONISME ET ECONOMIE - Textes économiques saint-simoniens

 

La quatrième raison, sans doute décisive aujourd'hui, tient à la difficulté d'avoir accès à des sources précises, et aux textes pouvant permettre des études scientifiques, au-delà des impressions et préjugés initiaux. L'œuvre de Saint-Simon est restée assez accessible, du fait de l'existence et de la réédition de ses uvres en VI volumes, du fait aussi de plusieurs travaux complémentaires d'édition et surtout d'une édition scientifique (toute récente [1]). Des extraits de textes en version anglaise sont aussi disponibles (par exemple Markham 1952 et 1964, et Taylor 1975). Par contre, les œuvres des disciples saint-simoniens sont restées beaucoup moins accessibles et beaucoup plus dispersées, du fait de la masse de documents notamment. L'édition des œuvres d'Enfantin (au sein des œuvres de Saint-Simon) demeure sans doute la source qui est demeurée la plus accessible. Mais une masse de textes, antérieurement parus mais non réédités (pensons aux oeuvres des frères Pereire par exemple), ou parus dans les journaux saint-simoniens (Le Producteur, Le Globe, L'Organisateur, L'organisateur belge, les Feuilles populaires), sont difficiles d'accès ou de lecture, compte tenu de la diversité des articles. Cette difficulté est évidemment renforcée pour la masse de documents d'archives (en particulier, mais non uniquement à la Bibliothèque de l'Arsenal à Paris-Bnf). En clair, les contraintes d'accès, de masse de documents, de nombre d'auteurs concernés dans l'Ecole se renforcent pour entraver la disponibilité des sources pour un travail scientifique. De plus, au sein de cette masse de documents souvent difficilement accessibles, la partie que l'on appellera « économique » [2] n'a pratiquement pas fait l'objet de regroupements spécifiques. Le texte qui fait peut-être exception est le regroupement effectué par Enfantin lui-même, à partir de divers textes du Globe, sous le titre Economie politique et politique (1831, 2ème ed. 1832), et qui demeure relativement disponible. Il n'existe pas de traductions en anglais de ce type de textes saint-simoniens, à l'exception d'une partie de la Doctrine [3].

 

 

 

 

 

Le défi et l'enjeu de l'accès aux textes économiques saint-simoniens, au travers d'un site scientifique véritable, s'organisent donc bien autour de l'identification éventuelle d'un moment saint-simonien de l'économie politique. Il est donc utile qu'un regroupement significatif, prenant le risque d'une sélection à « caractère économique », puisse être à disposition aujourd'hui, avec un accès numérisé sur un site tri-lingue (français, anglais, italien).

 

 

 

Les textes regroupés ici peuvent, pensons-nous, ouvrir pour les chercheurs en science économique, mais plus généralement en sciences sociales et en histoire des idées, une occasion d'affronter les questions posées et d'en ouvrir de nouvelles. On ne peut évidemment aujourd'hui se prononcer sur le résultat de ce processus. On peut seulement souhaiter que le rôle si important du saint-simonisme en France et dans le monde au cours du XIXème siècle puisse être aussi étudié en économie.

 

 

 



[1] Une édition scientifique moderne des oeuvres complètes de Saint-Simon, sous la direction de Juliette Grange, Pierre Musso, Philippe Régnier et Franck Yonnet, 4 vol. PUF, est disponible depuis 2012. Elle devient la référence fondamentale concernant les textes de Saint-Simon.

[2] Ce qualificatif doit évidemment être lui-même objet d'étude.

[3] L'accès en traduction anglaise de sélection de textes n'existe, à notre connaissance, que pour les textes de Saint-Simon lui-même (avec les travaux de F. Markham, 1952-64 et de K. Taylor, 1975), à l'exception d'une traduction de la 1ère année de la Doctrine en 1972 par le libertarien Iggers G. (1972). Le travail récent de Jacoud G. (2010), membre de l'équipe, concernant une sélection de textes saint-simoniens portant sur la monnaie, la banque et l'intérêt, traduits en langue anglaise, vient donc combler utilement un manque sérieux.

SAINT-SIMONISME ET ECONOMIE - Textes économiques saint-simoniens

 

II. La liste des textes ou extraits de textes à caractère économique proposée

 

La période délimitée va de 1825 à 1832. Ce choix a une signification claire. 1825 est la date de la mort de Saint-Simon et ouvre donc la période saint-simonienne au sens strict. 1832 est la date de l'éclatement définitif de l'Eglise saint-simonienne, et, d'une certaine manière, celle de l'épuisement du groupe constitué de Prosper Enfantin, de Saint-Amand Bazard, de Olinde Rodrigues, des frères Emile et Isaac Pereire, de Michel Chevalier, de Pierre Leroux et de bien d'autres moins connus mais parfois importants (Charles Béranger, Alphonse Decourdemanche, Emile Clapeyron, Charles Duveyrier, Eugène et Stéphane Flachat, Gabriel Lamé, Jean Reynaud, J. Rouen, Abel Transon ...) qui sont intervenus sur des questions économiques. Evidemment, les écrits et l'influence des saint-simoniens s'étendent au-delà de 1832, avec la période de ce que l'on appelle souvent de manière un peu réductrice « le saint-simonisme pratique » et de ce que Marx appelle en 1860 le socialisme « impérial ». Par exemple, en 1841, Chevalier obtient la chaire d'économie politique au Collège de France et les éditions de son Cours d'économie politique de 1842 à 1850 auront une réelle influence [1]. Par exemple encore, le Crédit intellectuel (un projet de banque, à l'instar du Crédit industriel) avancé par Enfantin et publié seulement en 1866 par Arlès-Dufour, fait indiscutablement partie des travaux économiques des saint-simoniens, tout comme les travaux sur la colonisation de l'Algérie (notamment P. Enfantin étudiant la « constitution de la propriété » en Algérie dans son ouvrage de 1843, mais aussi le texte de I. Urbain). On ne peut aussi totalement dissocier les travaux postérieurs de Pecqueur en « économie sociale » (1836, 1839...) de sa période saint-simonienne, même si l'on sait que cet auteur s'en ait émancipé et a suivi d'autres influences. On ne saurait donc tracer une rupture totale à partir de 1832, y compris sur le plan des travaux théoriques. Pour autant, il est clair qu'après 1832, l'école et son aventure collective n'existent plus en elles-mêmes. Le statut de la pensée saint-simonienne, déjà soumis à des évolutions sur la période 1825-32, connaît sans aucun doute alors un éclatement, avec des voies diverses et différentes, posant des questions nouvelles pour l'analyse.

 

 

 



[1] Dans une moindre mesure, c'est le cas de la Théorie nouvelle d'Economie sociale et politique, ou études sur l'organisation des sociétés (1842) de Constantin Pecqueur et des nombreux travaux économiques des frères Pereire (in Pereire G., 1900-1905).

SAINT-SIMONISME ET ECONOMIE - Textes économiques saint-simoniens

 

Les textes réunis et sélectionnés ici sont de trois types :

 

 

 

  1. les articles de nature économique issus des journaux saint-simoniens : Le Producteur (1er octobre 1825-12 décembre 1826), Le Globe (11 novembre 1830-20 avril 1832), L'organisateur (15 août 1829-13 août 1831), L'organisateur belge (29 mai 1831-27 novembre 1831) [1] et les Feuilles populaires (mars à juin 1832). On peut avancer que c'est la source la plus importante et décisive pour étudier les textes de caractère économique ;

 

 

 

  1. les textes (ou extraits de textes) de nature économique ayant donné lieu à des regroupements de certains articles de journaux (avec un ordre, et parfois des ajouts extérieurs) sous forme de brochures ou d'ouvrages, ou les ouvrages spécifiques : la traduction faite en 1828 par Bazard St-A. de l'ouvrage de Bentham, Défense de l'usure, ou Lettres sur les inconvénients des lois qui fixent le taux de l'intérêt de l'argent, suivi d'un Mémoire sur les prêts d'argent par Turgot, avec une introduction significative sur le prêt à intérêt et des notes du traducteur ; une sélection au sein de la Doctrine de Saint-Simon. Exposition (première année et 2ème année, 1830 ; 2ème édition 1832) : le Projet De Discours De La Couronne Pour l'Année 1831 : Moyens De Supprimer Immédiatement Tous Les Impôts Des Boissons, Du Sel, et La Loterie : Examen Pratique De l'Amortissement : La Vendée : Extraits Du Globe, 1831 ; une sélection au sein du Recueil de Prédications (1832), le volume complet de Economie politique et politique (1ère ed. 1831, 2ème ed. 1832), de Système de la Méditerranée (recueil de 4 articles du Globe de 1832) et Politique industrielle (recueil de 9 articles du Globe de 1832), des Leçons sur l'industrie et les finances, faites à l'Athénée, suivies d'un Projet de banque (recueil de 8 articles du Globe, auquel s'ajoute le Projet), les Vues politiques et pratiques sur les travaux publics en France (1832). L'examen du Budget de 1832 (tiré de la Revue Encyclopédique de oct. 1831), De l'assiette de l'impôt (1832), Considérations sur les Finances de la France et des Etats-Unis (repris de la Revue Encyclopédique,1832).

 

 

 

C. les notes et textes de nature économique parus dans des journaux ou revues non saint-simoniens : comme la réponse des rédacteurs du Producteur à l'article de Dunoyer sur l'industrialisme, dans la Revue Encyclopédique de 1827, les notes rassemblées écrites initialement par G. d'Eichthal  en 1828 concernant la « Condition de la classe ouvrière en Angleterre » et publiées dans la Revue historique en 1902, ou bien certains textes des Pereire parus dans la Revue Encyclopédique (1831, 1832) ou dans Le National (1832).

 

 

 

Chacun des sous-ensembles de textes (articles de journaux, de revues, regroupements de textes, ouvrages...) est précédé d'une présentation. Chaque texte est accompagné de notes scientifiques (rédigées par M. Bellet) quand nécessaire.

 



[1] Concernant l'Echo de la fabrique (1831-1835), on se réfèrera à l'accès scientifique numérisé disponible sur le site de l'ENS LSH de Lyon, effectué par les soins de L. Frobert (Triangle, UMR CNRS) : http://echo-fabrique.ens-lyon.fr/