24-25 octobre 2024 (Appel)

[HISOMA] - Journées d'étude « Penser le(s) langage(s) : pouvoir et limites »

Université Jean Monnet Saint-Étienne

Organisées dans le cadre du Laboratoire Junior GRAPHÉ

 

Appel à communication

  • Le Laboratoire Junior GRAPHÉ (Groupement de Recherche sur l’Action Philologique et Humaine au prisme Épistémologique), fondé en 2024 à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne, mène une action émergente en ayant pour projet de s’intéresser à la manière dont les langages, dans la manière dont ils sont formés, influencent et sont influencés par l’action humaine. Le premier volet d’étude, au sein de la première journée d’étude organisée par le Laboratoire Junior, est lié à la dimension politique que peut revêtir le langage. En effet, lorsqu’il peut être perçu par d’autres, le langage, qu’il soit écrit, oral, littéraire ou figuratif, s’inscrit dans un cadre politique dans le sens où il est à même d’être reçu et interprété par tous. Il y a un enjeu de pouvoir intrinsèque à l’expression et à la réception du langage, ce que l’on retrouve dans la manipulation politique de l’information, dans la langue de bois, ou encore dans le silence qui peut être imposé, volontairement ou non, à divers acteurs du pouvoir, limitant en conséquence leur potentialité d’action.
    La première journée d’étude du Laboratoire Junior GRAPHÉ, qui prendra place à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne les 24 et 25 octobre 2024 et qui est ouverte aux jeunes chercheurs comme aux chercheurs confirmés, vise à appréhender dans un premier temps et avant tout, la manière dont la manipulation du langage, dans des contextes de pouvoir, peut être perçue et analysée. Elle est destinée à des chercheurs et à des chercheuses d’horizons variés, s’intéressant à des temporalités et à des aires géographiques plurielles, afin que des approches diverses puissent se croiser et entrer en discussion. En lien avec l’axe épistémologique du laboratoire, il s’agira de s’interroger sur les moyens et les méthodes qui sont à la disposition du chercheur pour percevoir le caractère tangible de l’action que permet et exprime le langage. En lien avec cette interrogation d’ordre général, plusieurs axes de recherche sont à développer et peuvent fournir des pistes de réflexion pour penser l’approche du langage du pouvoir :

    AXE A — Langage et pouvoir au prisme des NLP

    Le développement de la linguistique computationnelle, que ce soit dans le domaine des NLP (Natural Language Processing) ou des NLE (Natural Language Engineering), a connu un essor sans précédent ces dernières années, entre traitement informatisé du langage, intelligence artificielle, traducteurs automatiques... Cette percée n’est néanmoins pas sans challenge : le langage naturel est par essence ambigu, inclut des réflexions sur le monde, et ne peut se développer que dans un système social sur lequel il peut prétendre agir. Comment les Intelligences Artificielles (IA) peuvent-elles incorporer le système social dans lequel se déploie le langage ? Selon quelles modalités sociotechniques peut-on intégrer ces systèmes dans les interactions humaines ? Quelles sont les limites contemporaines du développement de ces systèmes ? Comment appréhender le langage des IA et son rapport au pouvoir, sur divers plans, comme celui de l’information ?

    AXE B — Langage et image, langage de l’image, langage imagé

    La chercheure Geneviève Jacquinot affirmait, dans la revue Langue française (nº 24, 1974), que « l’exploration de l’image est laissée [...] à l’initiative de celui qui la regarde » : non soumise aux règles de syntaxe, l’image permettrait une liberté de lecture plus étendue et, de ce fait, différentes strates d’appréhension. L’image, en tant qu’objet d’art, possède son propre langage, structuré par des règles spécifiques et l’idée – erronée – que l’image serait plus concrète que le discours en interroge d’ores et déjà les limites. Si les deux systèmes que sont l’image et le langage peuvent se compléter pour rendre un discours plus intelligible (pensons au langage imagé, par exemple) dans un cadre quotidien et apolitique, ils peuvent aussi être saisis, telle une matière malléable, et mis au premier plan d’un discours commercial (discours publicitaire) ou politique (discours propagandiste). Ainsi, de quelle façon l’image est-elle l’alliée du langage publicitaire? Dans un contexte de pouvoir, autoritaire notamment, comment langage et image sont-ils mis au service d’un projet d’endoctrinement des masses ? Quelles en sont les limites ? Comment, de manière générale, appréhender le pouvoir du langage de l’image et son exploitation par le pouvoir ?

    AXE C — Comment reconstruire les rapports de force dans les sources historiques ?

    L’étude des interactions langagières dans les textes historiques permet de mieux appréhender les rapports entre individus – notamment lorsque sont établies des relations de pouvoir – que ce soit sous un angle historique, linguistique, voire sociologique. Le caractère nécessairement fragmentaire des sources, tant par leur nombre que par le point de vue qu’elles transmettent, incite néanmoins à considérer la manière dont le chercheur peut reconstruire la réalité de ces rapports. Peut-on analyser les interactions langagières des périodes passées malgré ce caractère fragmentaire ? Comment faire face aux biais que peuvent contenir nos sources ? Comment être sûr de la compréhension des marqueurs linguistiques qui peuvent être interprétés par le chercheur comme autant de témoins des rapports de force ?

    AXE D — Manipulation littéraire et artistique aux confins du langage

    Dans les arts, le langage doit être envisagé avec un recul critique, en ce qu’il peut être le lieu d’une forme de manipulation de la part de l’auteur. D’abord, il peut être le véhicule de la subjectivité, relayant une certaine vision du monde – à dessein ou non –, mais il peut également s’intégrer à une manipulation créative, côtoyant les limites de la création, au seuil de genres ou de normes bien établis. Une telle réflexion pose la question de la place réservée à l’auteur : bénéficie-t-il, grâce au langage, d’une forme de toute puissance ? En ce cas, le lecteur/spectateur ne serait que le jouet de la manipulation auctoriale, ce qui interroge les limites du langage : comment ce dernier devient-il un outil de pouvoir, et dans quelle mesure s’affirme-t-il comme efficace ?

    L’approche des différents axes d’étude peut être croisée mais devra rendre compte de la réflexion qui peut être menée par le chercheur pour appréhender le rapport entre le langage et les différentes formes de pouvoir présentées.

    Télécharger l'appel à communication

 

CONDITIONS DE CANDIDATURE

  • — Rédiger une proposition de communication (300-400 mots).
    — Rédiger une courte biobibliographie (200 mots maximum).
    — Les propositions de communication peuvent être rédigées en anglais ou en français.
    Envoyer les propositions de communication d’ici le 9 juin 2024 à l’adresse suivante  graphelabojunior @ gmail.com
    Les réponses sont prévues pour le 17 juin 2024.
    L’objectif est aussi, à l’issue de ce séminaire, de rassembler les communications sous la forme d’articles pour la publication d’un ouvrage collectif.

 

COMITÉ D'ORGANISATION ET SCIENTIFIQUE

  • Adrien BRESSON, Doctorant en Langue et littérature latines , Université Jean Monnet Saint-Étienne, HiSoMA
  • Blandine DEMOTZ, Doctorante en Études anglophones, CY Cergy Paris Université, Héritages
  • Benjamin DUFOUR, Doctorant en Linguistique historique, École normale supérieure - PSL, AOrOc
  • Zoé STIBBE, Doctorante en Études hispaniques , Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, CREC