Publication B.Pozetto

Une étude sur l'immunité des patients Covid-19

Bruno Pozzetto, professeur à l'UJM, chercheur au GIMAP et praticien au CHU de Saint-Étienne a contribué à une étude publiée dans la revue Cellular & Molecular Immunology, sur la présence d’anticorps d’un type particulier, appelés anticorps neutralisants, chez les patients ayant été infectés par le Covid-19. Cette étude est le résultat d’une collaboration entre trois équipes du CIRI (Centre International de Recherche en Infectiologie) ayant combiné leurs compétences cliniques, virologiques et immunologiques pour étudier la réponse anticorps de 140 patients du Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Etienne. Les chercheurs mettent en avant une forte corrélation entre la gravité des symptômes et un taux plus élevé d’anticorps neutralisants dans le sérum.

Tout l’enjeu de la réussite des campagnes vaccinales en cours repose sur la robustesse de la réponse immunitaire contre le SARS-CoV-2 en général et les protéines virales produites sous l’effet des vaccins en particulier. Nous ne disposons que de peu de recul sur les moyens de défense contre la réinfection par ce virus. Dans cette étude réalisée lors de la « première vague », les chercheurs apportent un éclairage sur la composante anticorps de la réponse immunitaire, un acteur essentiel de la protection.

Cette étude est le résultat d’une collaboration entre trois équipes du CIRI (Centre International de Recherche en Infectiologie) ayant combiné leurs compétences cliniques, virologiques et immunologiques pour étudier la réponse anticorps de 140 patients du Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Etienne. La singularité de la cohorte étudiée repose à la fois sur l’étude de patients présentant peu de symptômes, ne nécessitant pas d’hospitalisation, et sur celle de patients hospitalisés dans différents services, y compris en réanimation. De plus, pour la plupart des patients, les chercheurs ont pu étudier au moins 2 prélèvements réalisés à deux moments différents, permettant ainsi un suivi dans le temps.

Les chercheurs ont utilisé des pseudoparticules virales afin d’étudier la capacité des anticorps à neutraliser le virus. Pour cela, ils ont modifié un rétrovirus murin afin qu’il exprime à sa surface la protéine Spike du SARS-CoV-2. Ils ont ainsi pu montrer que les pseudoparticules, qui sont sans danger et donc plus simples à manipuler, sont parfaitement adaptées à l’étude des anticorps neutralisants en comparaison avec une souche de virus isolée d’un patient nécessitant des précautions de manipulation bien supérieures (laboratoire de confinement de niveau 3).

En utilisant ces deux systèmes, les chercheurs ont montré que les patients avec peu de symptômes développent peu d’anticorps neutralisants alors que les patients en réanimation, qui présentent une maladie plus sévère, ont des taux d’anticorps neutralisants significativement plus élevés, sans qu’il soit à ce stade possible de déterminer s’il y a un lien de cause à effet entre les deux paramètres.  

Des tests sérologiques existent et permettent, après une prise de sang, de détecter la présence d’anticorps totaux mais sans pouvoir distinguer les anticorps neutralisants des anticorps non neutralisants. En effet l’organisme est capable de produire de nombreux anticorps dirigés contre une même protéine virale, dont seulement une fraction sont neutralisants. La détection des anticorps neutralisants est un processus à la fois délicat et long à mettre en œuvre, impossible à utiliser en routine à l’heure actuelle. Cependant, les chercheurs ont montré que le taux d’anticorps totaux contre la protéine Spike est, pour certains tests sérologiques, corrélé avec celui des anticorps neutralisants et pourrait donc servir de facteur prédictif du niveau de protection.

Les auteurs se sont également intéressés à la persistance des anticorps neutralisants dans le sang. En comparant les différents prélèvements pour un même patient, ils ont ainsi montré que ces anticorps neutralisants persistent peu de temps après leur apparition (environ 90 jours pour la plupart des patients), ce qui n’exclut cependant pas la mise en place d’une mémoire immunitaire pouvant être activée rapidement lors d’une réinfection et aboutissant à la production de nouveaux anticorps protecteurs.

Enfin, les chercheurs ont voulu savoir si une infection par des coronavirus saisonniers pouvait protéger contre l’infection par le virus SARS-CoV-2. A partir de sérums de patients infectés par des coronavirus humains saisonniers, prélevés avant la pandémie, aucune neutralisation n’a été observée vis-à-vis du SARS-CoV-2 entier ou des pseudoparticules fabriquées à partir de ce virus, ce qui suggère une absence de protection vis-à-vis du SARS-CoV-2 suite à une infection par un coronavirus saisonnier. Cela était assez prévisible compte tenu du fait que ces virus n’utilisent pas les mêmes récepteurs que le SARS-CoV-2 pour infecter nos cellules.

 

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Contact chercheurs :

Bruno Pozzetto
PU-PH
04 77 82 84 34 - bruno.pozzetto @ chu-st-etienne.fr

François-Loïc Cosset
Chercheur CNRS au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI)
flcosset @ ens-lyon.fr