Sociologie-Julie Thomas

JULIE THOMASSport ou sociologie? Et pourquoi pas un peu des deux....

« Tant que l’on n’a pas essayé, on ne peut pas savoir si l’on va réussir ou non ». Un conseil qui peut s’appliquer à tout le monde mais que Julie Thomas, maitresse de conférences en sociologie au sein du laboratoire Max Weber, souhaite avant tout donner aux jeunes filles qui se questionnent sur leur parcours : « lorsqu’on est une fille, ou issu d’un milieu populaire, on a tendance à s’auto-exclure des filières valorisées, notamment scientifiques ».

En effet à l’adolescence, de nombreuses jeunes filles vont peu à peu s’éloigner des matières scientifiques, ne se sentant pas à la hauteur. Même chose pour les filières plus masculinisées comme les métiers du bâtiment, les filières technologiques industrielles, les sciences de l’ingénieur… Mais alors, qu’est-ce qui contribue à ce que ces jeunes filles se détournent de ces filières ? Est-ce que cela pourrait être en corrélation avec l’abandon à l’adolescence de la pratique du sport chez les filles ? Sociologie et sport… deux « mondes » qui passionnent Julie et qui sont à la base de sa propre histoire.

SOCIOLOGIE ET SPORT

Fille de deux professeurs d’EPS, Julie est très tôt attirée par les sports qu’elle pratique avec ses parents, notamment sa maman.

« Ma maman venait d’un milieu assez populaire de la banlieue parisienne. Elle a fait des études au CEG, une sorte de collège du peuple, et au lycée, son frère et elle ont été les seuls à obtenir le baccalauréat dans le bâtiment », confie-t-elle. « Elle faisait beaucoup de sport, notamment du hand-ball, un sport plutôt masculin à cette époque». Cet exemple va marquer Julie. Après avoir pratiqué la danse, elle débute le hand ball à 14 ans. Un sport dans lequel elle s’investit encore aujourd'hui en tant qu’arbitre.
Le bac S mention Bien en poche, elle décide d’entamer des études de STAPS à Orsay.

« Je me suis éclatée dans mes études supérieures notamment parce que c’était très pluridisciplinaire » lance-t-elle. Et il y a notamment une discipline qui va lui permettre d’ouvrir le champ des questionnements. Il s’agit de la sociologie. Si les différents stages qu’elle va faire durant son parcours universitaire lui font réaliser qu’elle ne souhaite pas vraiment être professeure d’EPS dans le secondaire, elle aime cette forme de curiosité, remettre en questions ses préjugés. La compréhension sociologique des inégalités entre les sexes liées à la spécialité scolaire et à la pratique sportive à partir de l’adolescence constituera le sujet de son Master 1.

En Master 2, elle poursuit en s’intéressant aux jeunes filles « atypiques » sur ces deux plans, s’orientant vers des filières dites plus « masculines » et poursuivant ou débutant la pratique d’un sport en club à l’adolescence.

C’est ainsi qu’en 2005, elle démarre une thèse, toujours à Orsay, au sein du laboratoire CIAMS (Complexité, Innovation, Activités Motrices et Sportives), dont le sujet est : « Être une fille et s'engager dans une filière scolaire de garçons : la place des activités physiques et sportives dans la construction de l'atypicité scolaire ».

Sa thèse soutenue, Julie quitte le climat parisien pour le soleil de Montpellier et intègre un laboratoire de recherche au sein duquel elle travaille sur l’accès aux pratiques physiques des personnes vivant avec le VIH, plus particulièrement les femmes.

ARRIVÉE AU CENTRE MAX WEBER


©Julie Thomas
En 2014, Julie Thomas rejoint l’équipe du Centre Max Weber ainsi que le STAPS de l’UJM. Elle dirige aujourd’hui une recherche collective sur la prescription médicale d’activités physiques pour les personnes vieillissantes en tenant compte des différences sociales, géographiques et de genre.

Œuvrer au sein d’une équipe en s’investissant sur des projets différents constituent les atouts de son métier. Elle aime également enseigner à ses étudiants de STAPS et « leur donner un espace où ils vont réfléchir sur leurs parcours, sur les pratiques sociales en lien avec le sport et le corps, et travailler leur réflexivité, leur compréhension et leur ouverture au monde ».

Pour terminer ce portrait, Julie partage la pensée de Marcel Mauss, sociologue et anthropologue, qui résonne particulièrement en elle, celui de « l’homme total ». « A l’heure où on considère encore souvent le corps sous son seul aspect biologique, « naturel », le corps en mouvement est conditionné par un ensemble de dimensions qui s’articulent, biologiques, psychologiques et sociales, et on ne peut en avoir une vue claire que si l’on s’intéresse à tous ces éléments, « indissolublement mêlés ».